Une précédente étude, menée en 2009, avait montré qu'un quart de l'eau potable se perdait dans la nature entre la station d'assainissement et les robinets des usagers. 1,5 milliard de m³ d'eau sont ainsi chaque année puisés et traités pour rien, pour un coût annuel estimé à 1,2 milliard d'euros.

Ce gaspillage à grande échelle dont les usagers ne sont pas responsables n'empêche cependant pas les organismes gouvernementaux, suivant la mode écologiste, de mener une campagne sur le thème : « L'eau est un bien précieux qu'il ne faut pas gaspiller », et de faire la morale aux particuliers qui laissent couler l'eau quand ils se lavent les dents !

La déperdition est en effet d'abord due au mauvais état des conduites. Les sociétés responsables du traitement de l'eau la vendent à la sortie de la station et se contentent d'empocher l'argent. Plus d'eau se perd, plus elles en vendent et plus elles voient leurs bénéfices augmenter. La distribution d'eau est ensuite assurée par les communes, conformément à une loi de 2006 qui dégage les Suez, Veolia et compagnie de l'entretien des conduites. Celui-ci est donc à la charge des communes, ou des groupements de communes, qui n'ont pas toujours les moyens d'engager les frais que cela représente, surtout les petites communes qui ont bien peu de rentrées fiscales.

La gestion de l'eau potable est bien l'image limpide du fonctionnement de la société capitaliste : les bénéfices vont dans les coffres des grandes sociétés privées tandis que les risques et les dépenses sont assumés par l'État ou les collectivités locales.