Crise financière : Le remède introuvable05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Leur société

Crise financière : Le remède introuvable

« Il faut mettre fin à l'économie de casino » pour éviter « une nouvelle débâcle financière », implorent les députés Emmanuelli (PS) et Mancel (UMP) dans le cadre d'une commission parlementaire demandée par le PS lors de la spéculation contre la Grèce.

Ils suggèrent de « mettre à profit la présidence française du G20 pour faire progresser l'idée d'une stabilisation des taux de change » pour ne pas « alimenter la spéculation par des politiques monétaires trop laxistes ». Mais quel sens a un tel voeu alors que « 4 000 milliards de dollars s'échangent quotidiennement sur le marché des changes » grâce à des liquidités disponibles qui « progressent de quelque 15 % l'an, soit près de quatre fois plus vite que le PIB » ? Cette « surabondance de liquidités alimente les bulles spéculative », reconnaît le rapport, mais elle « est considérée comme la seule réponse possible à court terme ».

Les deux députés s'accordent à reconnaître « l'utilité, voire la nécessité de la spéculation dans une économie de marché ». Ils n'en déduisent pas, on s'en doute, à la nécessité d'abolir l'économie de marché. Ils préfèrent conclure qu'il ne faut pas « diaboliser » la spéculation. Même s'ils reconnaissent qu'il est pour le moins « difficile » de « séparer le bon grain de l'ivraie » car « les acteurs économiques les plus traditionnels spéculent », leur préoccupation est de sauver les « marchés » dont les « excès » doivent être « contenus » pour ne pas devenir « pathogènes ».

Par moment, ils font mine de se fâcher, par exemple quand ils suggèrent sans rire l'interdiction « sur un périmètre le plus large possible » des ventes à découvert de produits dérivés de dette souveraine, autrement dit l'interdiction de spéculer sur la dette des États. Seulement, eux-mêmes rappellent que l'encours des produits dérivés - plus de 600 000 milliards de dollars - représente plus de dix fois le PIB mondial ! Ils suggèrent aux États « d'engager une réflexion sur l'intérêt et les moyens d'établir une distinction entre les activités de banque de dépôt et celles de banque d'investissement ». Mais le rapport se garde bien de rappeler qu'il y a une trentaine d'années, les gouvernements - de droite et de gauche - ont fait sauter de telles cloisons qui étaient déjà pourtant bien peu étanches, car il fallait selon eux « déréglementer » à tout va pour assurer, paraît-il, le bon fonctionnement des marchés !

Dans leur conclusion, Emmanuelli et Mancel ne nourrissent pas d'illusion sur les possibilités que pourraient avoir les États, l'Union européenne ou le G 20 d'empêcher de nouveaux développements de la crise : « Ne nous leurrons pas. La prochaine crise - et, hélas !, elle viendra - ne prendra sans doute pas la même forme que celle que nous venons de subir (...) Sachons imaginer les outils qui permettront d'éviter une nouvelle débâcle financière et anticiper ses signes avant-coureurs ». En somme, s'il y avait des cierges à l'Assemblée, nos deux députés UMP et PS pourraient se partager la tâche de les allumer.

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