Un ouvrier d'un secteur du montage de Peugeot Sochaux a porté plainte en octobre dernier contre cinq cadres en les accusant de harcèlement. L'affaire fait parler dans l'usine et dans la région de Montbéliard où elle a éclaté dans la presse et sur France 3 régional avant Noël.

Ce travailleur, âgé de 35 ans, ancien champion d'athlétisme, n'avait pas eu un seul avertissement en 14 ans de travail à Sochaux. Mais dans son secteur, la direction avait fait venir de la maîtrise dont le seul but était de démasquer des prétendus vols, ce qui a eu pour effet de pourrir la vie des ouvriers de l'atelier. À tel point qu'ils ont d'ailleurs débrayé contre l'attitude de cette maîtrise.

Son frère jumeau a été licencié, soupçonné d'un vol qu'il conteste - l'affaire doit passer aux Prud'hommes.

Mais depuis ce licenciement, certains cadres ont rendu la vie infernale à ce travailleur du montage qui, lui, n'est accusé absolument de rien. Le racisme n'est pas mort.

Il a été harcelé pendant des semaines, perdant dix kilos et allant jusqu'à envisager de se supprimer. La maîtrise voulait le pousser à partir du secteur où il travaillait jusque-là sans problèmes. Les délégués de l'atelier ont posé plusieurs dangers graves et imminents (DGI) sur le cahier officiel du CHSCT (Comité d'Hygiène Sécurité et Condition de Travail) au vu du harcèlement dont il était victime et de son état d'épuisement. Depuis le dépôt de sa plainte, deux cadres ont été déplacés ce qui est comme un aveu.

Avec le soutien de la CGT qui est intervenue à plusieurs niveaux du groupe PSA, ce travailleur est décidé à aller jusqu'au bout de sa plainte. Il a préféré poser le problème sur la place publique plutôt que d'attenter à son existence et il a fort bien fait. Ce n'est pas parce qu'on est obligé de travailler pour gagner sa vie qu'il faut laisser certains s'arroger le droit de nous la pourrir.

D'autant que cela se passe dans un contexte d'augmentation des pressions de toutes sortes, l'augmentation des cadences et les semaines de six jours liées aux samedis travaillés. Tout cela entraîne une aggravation des conditions générales de travail, afin que les usines sortent les profits pour la famille Peugeot.

Au moment où cette affaire de harcèlement paraissait dans la presse, PSA obtenait le maintien du Label Diversité, décerné par le gouvernement, distinction qui récompense les bonnes pratiques de relations humaines du groupe en matière de promotion de la diversité, d'égalité des chances et de prévention des discriminations...