- Accueil
- Lutte ouvrière n°2214
- Michelin - Clermont-Ferrand : Actionnaires choyés, ouvriers et employés exploités
Dans les entreprises
Michelin - Clermont-Ferrand : Actionnaires choyés, ouvriers et employés exploités
Michel Rollier, premier cogérant du groupe Michelin, a perçu au total pour ces quatre dernières années près de 13 millions d'euros de rémunération... et celle au titre de 2010 s'annonce aussi record.
Il vient en effet d'informer les actionnaires de la bonne marche de l'entreprise avec une prévision de bénéfices de 820 millions pour 2010. Il leur a surtout promis de faire encore mieux : « Un résultat opérationnel nettement supérieur à 2 milliards d'euros » en 2015, qui serait donc très largement supérieur aux meilleures années d'avant la crise de 2008. Cela augmenterait, non pas les salaires, mais les dividendes de ses chers actionnaires de 30 % !
Pour cela, Rollier espère vendre beaucoup de pneus : 25 % en plus d'ici à 2015 et 50 % en plus à l'horizon 2020, tout en continuant de diminuer les effectifs. Dans l'ensemble des usines en France, 11 400 emplois ont été supprimés ces dernières années et cela va continuer : 10 % de moins d'ici cinq ans.
Cela signifie pour le personnel produire plus en étant moins nombreux. D'où des pressions incessantes dans les ateliers et les bureaux, ce qui entraîne des accidents. Sous le moindre prétexte, des sanctions incessantes et des licenciements s'abattent sur les ouvriers, et même des ingénieurs accusés de ne pas avoir l'esprit maison.
Après les fermetures d'usines ou d'ateliers entiers comme à Montceau, à Lille ou à Poitiers, c'est le centre de Paris-Breteuil qui est visé. C'est là que se préparent les cartes et les guides bien connus. Il est question de déménager, sans que le personnel sache où il atterrira, alors que les locaux actuels viennent pourtant d'être refaits à neuf. Et c'est l'inquiétude pour 230 travailleurs sur les 300 de ce site quant au maintien de leur emploi, avec la perspective d'une filialisation ou d'une vente. Quand il s'agit de vanter ses cartes et guides de restaurants étoilés, Michelin est prolixe. Mais sur l'avenir des travailleurs, c'est le silence.
Quant à l'organisation de la production, ce n'est pas la logique qui prime, mais le seul souci de tirer le maximum de profits. Ainsi, en ce moment, avec la vague de froid qui se prolonge, la direction admet qu'elle ne peut pas répondre à la demande des clients en pneus neige. Cela oblige les distributeurs à faire attendre leurs clients pendant des semaines. Mais c'est la conséquence du choix de la direction de ne pas faire de stocks. En travaillant à flux tendu, elle fait des économies. La « satisfaction du client » n'est vraiment pas le problème de Michelin. L'argument ne lui sert qu'à essayer de nous imposer la flexibilité. C'est soi-disant pour « satisfaire le client » qu'elle nous fait venir à l'usine même le samedi et le dimanche ; elle voudrait que ce soient les travailleurs qui acceptent de s'adapter encore plus à la demande.
Concernant les accidents du travail, là aussi la direction n'est pas avare de sermons pour nous culpabiliser. C'est pourtant elle la première responsable en demandant toujours plus de productivité. Les pressions sont fréquentes sur les travailleurs accidentés pour ne pas déclarer les arrêts de travail. Ce qui limite le pourcentage de déclarations, et diminue la part patronale à payer à la Sécurité sociale.
Restent les salaires, et là, on est évidemment bien loin du partage des profits. Pour 2011, Michelin annonce seulement 1,4 % d'augmentation générale pour les ouvriers, plus une augmentation forfaitaire de 200 euros brut... mais accordée au mérite ! Quant aux employés, techniciens, ingénieurs et cadres, ce ne seront, comme à l'habitude, que des augmentations individuelles.
Avec les hausses continuelles et vu les profits de Michelin, c'est rattraper des années de retard sur le coût de la vie qui devrait être à l'ordre du jour. Et c'est au minimum une augmentation de 300 euros pour tous qu'il faudra imposer.