Automobile : La fin de la prime à la casse, aides à l'emploi ou aux actionnaires ?05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Dans les entreprises

Automobile : La fin de la prime à la casse, aides à l'emploi ou aux actionnaires ?

Avec la fin au 31 décembre du dispositif dit de « prime à la casse » des préoccupations se sont fait entendre de toutes parts sur la situation à venir des constructeurs automobile, Renault et PSA

Représentants du gouvernement et journalistes font semblant de s'inquiéter des conséquences sur l'emploi de cet arrêt. Comme si cette aide, avec le dopage des ventes qu'elle a entraîné, avait miraculeusement protégé les emplois des salariés de ces deux géants de l'automobile !

Bien sûr, les acheteurs de voitures l'ont touchée pour renouveler leur véhicule. Mais ce cadeau a servi d'abord et avant tout aux actionnaires. C'en est même là le seul effet certain.

Cette « prime à la casse » s'ajoute donc en fait aux aides distribuées par l'État aux groupes automobiles. Pour la seule année 2009, l'État a versé par ce biais 760 millions d'euros aux constructeurs automobiles. Mais depuis 2008, ce sont des milliers de suppressions d'emplois qui ont été annoncées par les seuls Renault et PSA.

Depuis 2008, les aides distribuées par l'État à Renault et PSA et à toute la filière ont représenté d'énormes sommes. Il y a eu d'abord un prêt de 6 milliards d'euros, trois pour chacun. À cela se sont ajoutés deux milliards pour les banques des deux groupes, puis les centaines de millions d'aides à la filière automobile et aux sous-traitants, afin de... permettre à Renault et PSA de faire baisser les prix des pièces qu'ils faisaient fabriquer. Les primes à la casse qui, au total sur trois ans, devraient frôler les deux milliards d'euros sortis des caisses de l'État, ne sont donc qu'une de ces aides parmi bien d'autres.

Quant aux conséquences sur l'emploi, rappelons que quelques jours après l'annonce de la première aide de six milliards, PSA annonçait 3 000 suppressions d'emplois, et Renault des centaines peu après. Renault, depuis, a encore annoncé 3 000 suppressions d'emplois, dont mille pour le seul établissement de Sandouville et tout récemment encore... 3 260 « départs volontaires ». PSA, de son côté, a mis fin aux contrats de centaines d'intérimaires. Et cette liste est loin d'être exhaustive.

L'autre chose certaine, ce sont les milliards de dividendes distribués pendant ce temps aux actionnaires. Pour la seule année 2008, Renault a distribué 1,05 milliard de dividendes. En 2009, PSA a annoncé un très fort rétablissement de ses comptes qui lui ont permis pour cette seule année-là de disposer d'une trésorerie en liquide de 809 millions d'euros, et parallèlement de se désendetter de 900 autres millions d'euros. Et il ne s'agit là que d'une partie des profits réels engrangés, car à travers leurs filiales, banques et autres sociétés qu'ils contrôlent, ces groupes ont la possibilité de faire encore bien d'autres bonnes affaires.

On peut estimer que l'ensemble des aides à la filière automobile sur trois ans correspond au financement, toutes charges comprises, d'environ 100 000 emplois. Alors chacun peut juger des choix qui ont été et qui continuent d'être faits.

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