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Leur société
La vie des riches : Comment gagner des millions sans les déclarer
Selon le Journal du Dimanche, le fisc réclamerait 240 millions d'euros à 14 dirigeants de la société Wendel, jadis géant de la sidérurgie et aujourd'hui fonds d'investissements, parmi lesquels le baron Ernest-Antoine Seillière, ex-dirigeant du Medef. Dans un communiqué de presse, la société Wendel a botté en touche en expliquant que cette affaire ne concerne pas la société mais uniquement des « personnes physiques ».
Selon l'hebdomadaire, le trésor public aurait adressé des notifications de redressement la veille de Noël par huissier à ces dirigeants, rémunérés en 2007 par des actions Wendel d'une valeur de 324 millions d'euros, soit 4,7 % du capital de la société. Mais le fisc estime que, sur cette somme, 240 millions auraient dû être déclarés en salaire.
Les bénéficiaires ainsi rattrapés par l'administration sont notamment l'ancien président du directoire du groupe, Jean-Bernard Lafonta, à qui le fisc réclamerait 100 millions d'euros, puis le baron Seillière, président actuel du conseil de surveillance, pour une somme de 50 millions.
Cette affaire fait suite à un litige judiciaire qui avait opposé le groupe Wendel à une ancienne administratrice, Sophie Boegner. En juin 2008, cette cousine du baron Seillière avait dénoncé à l'assemblée générale des actionnaires, mais aussi dans les colonnes du magazine L'Express, ce mode de rémunération. Selon un système apparenté à celui des stock-options, il permettait à une poignée de hauts dirigeants de Wendel de se partager 5 % du capital de la société. En effet, pour acquérir ces actions d'une valeur de 324 millions d'euros ils n'avaient eu à débourser que 83 millions. La plaignante avait dénoncé « une captation déloyale du capital de la société » et déposé une plainte pour « abus de bien social et recel », ce qui avait entraîné son éviction immédiate de la direction de Wendel. La justice l'avait déboutée, considérant sa plainte insuffisamment prouvée, mais cela avait attiré l'attention du fisc et abouti au redressement actuel.
Ajoutons que, si la requalification par le fisc de ces sommes en salaires l'emportait, la société Wendel devrait également s'acquitter auprès de l'Urssaf des cotisations sociales dues à ce titre.
On le voit, les riches et les puissants ne manquent pas d'astuces, légales ou pas, pour en verser le moins possible au fisc et aux organismes sociaux, les privant ainsi de ressources indispensables. Le bien public n'est pas le fort des financiers et des industriels, qui s'intéressent d'abord à leurs propres biens privés.