Manque de logements : L'État se cache derrière les communes05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Leur société

Manque de logements : L'État se cache derrière les communes

À l'occasion d'une polémique entre le maire de Paris, Delanoë (PS), et le secrétaire d'État au Logement, Apparu (UMP), celui-ci s'est lancé dans un éloge, quelque peu inattendu, de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain), votée par un gouvernement de gauche en décembre 2000. Celle-ci fixe un objectif de 20 % de logements sociaux dans les communes urbaines de 3 500 habitants (1 500 en Ile-de-France) pour 2022.

« Force est de constater, dix ans après l'adoption de la loi SRU, que (son) application dans les 931 communes concernées est un puissant outil pour la construction de logements sociaux », a déclaré le secrétaire d'État au Logement. Des propos qui ne manquent pas de sel quand on sait que la commune de Neuilly, dont Sarkozy a été maire entre 1983 et 2002, ne compte aujourd'hui encore que 3,6 % de logements sociaux, sans même que des sociologues qui ont mené l'enquête aient pu en obtenir de la mairie une liste et leur localisation. Car les « logements sociaux » sont une catégorie élastique, qui comprend les logements étudiants et des habitations à loyer souvent inaccessible même pour les couples qui ne connaissent pas le chômage.

De plus, la pénalité prévue par la loi SRU si la proportion de logements sociaux reste inférieure à 20 % est en grande partie « théorique », selon le mot d'Apparu. Surtout, certains maires n'ont pas peur d'être montrés du doigt, bien au contraire, quand ils favorisent la construction de logements plus chers que des logements sociaux : sur les communes considérées comme déficientes en logement sociaux lors du vote de la loi SRU en 2000, 21 % ont vu le taux de ceux-ci baisser encore entre 2002 et 2009 !

À l'inverse, les communes qui choisissent de construire des logements sociaux doivent mettre la main à la poche pour des sommes qui explosent, non seulement à cause de l'augmentation du prix des terrains pas trop éloignés des moyens de transport, mais aussi en raison du désengagement de l'État en matière de logement.

Si un politicien UMP en vient aujourd'hui à chanter les louanges de la loi SRU qui avait été prise par ses adversaires politiques, c'est que cette loi est somme toute bien pratique pour masquer la carence de l'État. Celui-ci se défausse sur les communes alors qu'il devrait prendre en charge la construction, à prix coûtant, des 900 000 logements manquants à travers le territoire, en embauchant directement les salariés, de l'architecte au maçon, nécessaires à cette tâche.

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