PSA Citroën - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Au tribunal, des patrons qui mentent comme ils respirent05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Dans les entreprises

PSA Citroën - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Au tribunal, des patrons qui mentent comme ils respirent

Mardi 4 janvier avait lieu, devant le tribunal des Prud'hommes de Bobigny, l'audience de départage faisant suite à une action entamée par la CGT de PSA Citroën Aulnay : huit salariés mandatés réclament le retrait de sanctions discriminatoires.

Fait notable en soi, plusieurs dizaines d'ouvriers de l'usine avaient débrayé pour l'occasion, et 80 travailleurs avaient fait le déplacement pour accompagner leurs camarades à l'audience. La petite salle du tribunal était pleine à craquer.

Les faits jugés concernent des mises à pied, distribuées à tour de bras par la direction depuis 2008, pour des motifs plus ou moins fantaisistes : les délégués sanctionnés - dont Ahmed Berrazel, qui est aujourd'hui, en plus, sous le coup d'une procédure de licenciement - sont accusés par la direction ni plus ni moins que de harcèlement vis-à-vis de... leurs chefs ! Comme le fait valoir la CGT, c'est vraiment le monde à l'envers : il est de tradition dans le groupe PSA, depuis des décennies, de pourchasser les militants combatifs et de les frapper de lourdes sanctions - quand ce n'était pas, dans les années 1970, de les frapper tout court, d'ailleurs. Cette politique de discrimination ouverte et de sanctions systématiques des militants n'a jamais cessé à Aulnay, et la plupart des travailleurs incriminés n'avaient jamais eu la moindre sanction ni le moindre problème avec la maîtrise, jusqu'à ce qu'ils deviennent militants syndicaux.

La CGT demande donc tout naturellement la suspension des sanctions, le remboursement des prélèvements dus aux mises à pieds, et des dommages et intérêts. Son avocate a fait valoir que la direction cherche, par la répression, à éloigner les autres travailleurs de la CGT et à décourager les militants. C'est dans ce but qu'elle monte des dossiers sous les prétextes les plus divers, à coup de contrevérités... et elle trouve toujours quelques petits chefs ou quelques mouchards pour corroborer ses accusations.

Bien révélatrice de l'attitude de la direction a été la plaidoirie de l'avocate de PSA : mensonges éhontés, faits déformés, propos inventés de toute pièce... tous les moyens sont bons pour convaincre un tribunal que les militants syndicalistes ne sont qu'une bande de voyous et de délinquants. À voir cette avocate de la haute évoquer avec des trémolos dans la voix le sort des malheureux contremaîtres de PSA harcelés et persécutés, un certain nombre d'ouvriers dans l'assistance, hilares, ont sorti leur mouchoir pour se tamponner les yeux.

Le summum a été atteint lorsque, évoquant les chefs désorientés, perdus, poussés à la dépression par le sort que leur font subir ces terribles syndicalistes, elle s'est écriée : « Qu'est-ce que la souffrance au travail ? C'est cela, la souffrance au travail ! » S'il y a au moins une chose qui saute aux yeux, c'est que ces prétendus terroristes de syndicalistes ont beaucoup de sang-froid : car il en fallait aux 80 ouvriers présents pour garder leur calme en entendant ce tissu de mensonges et de calomnies.

Les militants incriminés, à la sortie, étaient heureux et fiers du soutien de leurs camarades. Le jugement ne sera rendu qu'à la mi-février, mais en même temps, la lutte continue pour empêcher le licenciement d'Ahmed Berrazel.

Partager