Accueil « humanitaire »... dans des camps de toile ?05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Leur société

Accueil « humanitaire »... dans des camps de toile ?

Avant Noël, en pleine vague de froid, le conseil d'État, c'est-à-dire la plus haute juridiction administrative de France, saisi par le ministère de l'Intérieur, a préconisé aux préfets n'ayant plus de places dans les centres d'hébergement de mettre les réfugiés sous des tentes. Toutefois, précise son ordonnance, cela doit être pour une période aussi courte que possible !

Les préfets vont-ils recycler les tentes saisies lors des interventions contre les associations comme le DAL ou Les Enfants de Don Quichotte ? Depuis 2003, les États membres de l'Union européenne se sont engagés à accueillir, dans le respect de la dignité humaine, les exilés pendant l'instruction de leur demande d'asile. Mais ce ne sont que des promesses sur le papier. Dans la réalité le gouvernement, qui se vante, ou se plaint, d'être le pays d'Europe à accueillir le plus de réfugiés, ne cesse de réduire les moyens pour ces accueils.

En 2009, les centres d'hébergement pour les demandeurs d'asile (CADA) ne disposaient que de 20 400 places, alors que 48 000 demandes d'asile étaient en cours d'instruction.

Quand on sait que l'allocation temporaire d'attente (ATA) dont bénéficient les demandeurs n'est que de 10,7 euros par jour et qu'ils ont l'interdiction de travailler pour subvenir à leurs besoins, cela signifie que faute de famille, d'amis ou de l'aide d'associations, plusieurs milliers d'entre eux sont à la rue.

Alors le gouvernement va-t-il suivre la décision du conseil d'État et installer des campements pour réfugiés ? Certainement pas, on l'a vu avec la fermeture du camp de Sangatte. Par contre, il applique depuis des années une autre procédure : refouler le plus vite possible les réfugiés parvenus en France, avant qu'ils aient eu le temps d'engager des procédures de demande d'asile. On vient encore de le voir fin décembre : 75 jeunes Haïtiens qui demandaient le droit d'asile en France où ils ont de la famille ont été détenus en zone d'attente dans les deux aéroports parisiens en vue d'expulsion rapide. Pour cela le ministre de l'Intérieur, Hortefeux, leur avait déjà réservé des places sur des vols.

Heureusement, grâce à la mobilisation des associations et des familles haïtiennes, et malgré les protestations des avocats du ministère, les juges ont refusé ces expulsions. Les 75 ont pu déposer des demandes d'asile. On ne pourra pas dire que c'est grâce à Hortefeux.

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