Anorexie : L'industrie de la mode est en cause05/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2214.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C240%2C324_crop_detail.png

Leur société

Anorexie : L'industrie de la mode est en cause

Isabelle Caro, mannequin qui vient de mourir à 28 ans, a perdu son combat contre l'anorexie, une maladie qui s'exprime par un besoin irrépressible de vouloir maigrir alors que le poids est déjà bas. En France, le ministère de la Santé estime qu'il y a entre 30 000 et 40 000 anorexiques, à 95 % des femmes. Le taux de mortalité à dix ans est de 5 %, mais il avoisinerait les 20 % à plus long terme, car la santé de celles et ceux qui en réchappent demeure irréversiblement fragilisée.

La maladie avait plongé Isabelle Caro dans le coma en 2006. L'année suivante, alors qu'elle commençait à espérer et à lutter pour s'en sortir, elle avait accepté d'exposer son corps nu, décharné, sur une affiche publicitaire. Elle disait vouloir « réveiller les consciences » sur la maladie qui frappe nombre de mannequins, par une photo sans fard et sans maquillage qui ne la mettait pas en valeur. Son intention était de « mettre une image sur le danger que constitue l'anorexie », et de montrer aux jeunes filles la réalité crue des modes que tendent à propager, entre autres, la publicité et les magazines féminins.

Cependant, il s'était trouvé un photographe de mode spécialiste des provocations pour exploiter cette image au profit d'une entreprise textile italienne. Car dans une société qui tend à transformer le corps des femmes en marchandise, peu importe que l'image séduise par un corps diaphane ou qu'elle choque parce qu'elle évoque la mort, dès lors qu'elle fait vendre !

Il est vrai qu'en Espagne les mannequins en-dessous d'un certain indice de masse corporelle (56 kg pour 1,75 mètre) sont interdits de défilés depuis 2006. Mais le gouvernement français préfère s'en remettre au bon vouloir du Bureau de vérification de la publicité, de la Fédération française de prêt-à-porter féminin et du syndicat (patronal) des agences de mannequins. En avril 2008, Bachelot, alors ministre de la Santé, a signé avec eux une simple « charte d'engagement volontaire sur l'image du corps et contre l'anorexie ». Les partenaires de la ministre s'engagent à « ne pas accepter la diffusion d'images de personnes, notamment si elles sont jeunes, pouvant contribuer à promouvoir un modèle d'extrême maigreur ». Mais l'industrie de la mode est son propre juge et surtout, comme n'importe quel patron, reste maître de l'embauche et des licenciements selon ses propres critères, à commencer par des appréciations portées sur le physique des femmes candidates.

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