Réchauffement climatique : le bal des hypocrites09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réchauffement climatique : le bal des hypocrites

La COP21, la prochaine conférence mondiale sur le réchauffement climatique, prévue à Paris en décembre, devrait théoriquement déboucher sur un nouvel accord pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Destiné à prendre la suite du protocole de Kyoto adopté en 1997, cet accord international fixera de nouveaux objectifs, de nouvelles enveloppes budgétaires… et sera probablement aussi inefficace que le précédent ! Car ce sont les signataires eux-mêmes qui, pour ne pas fâcher les capitalistes les plus pollueurs, introduisent dans les protocoles divers biais permettant de les contourner et de continuer à polluer en toute impunité.

Les chercheurs du ­Stockholm Environnement Institute, un institut de recherche indépendant, ont analysé l’un de ces mécanismes de contournement, appelé « Mise en œuvre conjointe ». Ce mécanisme permet à un pays d’Europe de l’Ouest d’aider à financer un projet permettant la réduction des gaz à effet de serre dans un pays d’Europe de l’Est ou en Russie. Il s’agit par exemple de financer le captage et l’incinération de gaz industriels à fort pouvoir réchauffant, l’aménagement d’installations minières moins polluantes, ou bien encore la construction d’une centrale électrique bénéficiant des dernières découvertes technologiques.

La réduction des gaz à effet de serre théoriquement générée par chaque projet est comptabilisée au bénéfice du pays d’Europe de l’Ouest qui a financé le projet. Il peut ainsi se conformer à ses obligations de réduction des émissions à moindre frais – car en investissant dans des pays où la main-d’œuvre est bien moins chère – et sans contraindre ses propres industriels à investir pour moins polluer.

Les chercheurs du Stockholm Environnement Institute ont recensé 604 projets financés par ce mécanisme et en ont étudié de plus près 60, sélectionnés au hasard. Ils en ont conclu que la grande majorité de ces projets ne présentent pas d’efficacité climatique réelle ou démontrée. En extrapolant à tout le mécanisme de mise en œuvre conjointe, ils estiment qu’il « pourrait avoir permis aux émissions mondiales de gaz à effet de serre d’être supérieures de 600 millions de tonnes de dioxyde de carbone, par rapport à ce qu’elles auraient été si chaque pays avait dû faire baisser ses émissions sur son propre territoire »… Un comble pour un protocole destiné à limiter cette pollution !

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