Drame des réfugiés : la responsabilité des gouvernants09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Drame des réfugiés : la responsabilité des gouvernants

Hollande, après Merkel, vient d’opérer une volte-face. Nettement opposé en juin à un mécanisme contraignant de répartition des réfugiés entre les États membres de l’UE, il s’associe maintenant à celle-ci pour en réclamer l’instauration.

Le dirigeant du PS Cambadélis et le ministre de l’Intérieur Cazeneuve se sont quant à eux fendus d’appels aux maires pour qu’ils s’engagent à accueillir des réfugiés. Et Martine Aubry vient de découvrir subitement que sa ville de Lille pourrait sans problème accueillir une centaine de réfugiés.

Tous veulent se montrer touchés par l’émotion suscitée par le drame des réfugiés. Et pourtant ce sont les mêmes qui depuis des années n’ont fait que courir après la droite, l’extrême droite et leur démagogie anti-immigrés, mettant en scène des expulsions musclées, accolant aux Roms l’image de délinquants contre lesquels il faudrait envoyer des policiers en tenue de combat, jouant sur les préjugés et les craintes concernant l’immigration.

Ainsi le Premier ministre Valls déclarait encore il y a quelques jours au sujet des quelques tentes dont il était venu promettre l’installation à Calais et pour ne pas être en reste face aux attaques de Le Pen, que « 1 500 places pour 3 000 migrants, c’est tout le contraire d’une volonté d’attirer ». Et tous de marteler à longueur de journée qu’un pays aussi riche que la France ne peut pas accueillir quelques milliers de réfugiés.

Pour justifier leurs ignominies, les dirigeants PS renvoient aussi à l’« opinion publique » qui ne serait pas favorable à un accueil plus large de réfugiés. Et ils se donnent le beau rôle par des appels aux gestes de solidarité des particuliers, voire des petites villes, pour accréditer l’idée que la solution pour les réfugiés passerait par la générosité individuelle, et que la balle serait dans le camp de la population.

Bien des personnes n’ont pas attendu les larmes de crocodile des dirigeants devant la photo du petit Aylan pour exprimer leur solidarité avec les réfugiés. Les exemples de gestes spontanés ne manquent pas : accueil chaleureux des réfugiés en Allemagne et en Autriche ; gestes de soutien d’une partie de la population à la gare de Budapest ; en France, des bénévoles sont engagés auprès des migrants depuis des années, comme à Calais ; des dizaines de milliers de manifestants ont défendu l’accueil de réfugiés et des centaines de personnes sont volontaires pour accueillir des réfugiés chez eux. Tout cela détonne avec la démagogie de tous les grands partis.

Mais rien ne peut effacer la réalité, c’est-à-dire la responsabilité accablante des dirigeants politiques français et européens dans la situation révoltante des réfugiés.

Partager