Calais : les réfugiés manifestent contre le bidonville de la honte09/09/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/09/p_4_Manifestation_refugies_Calais_2015-09-07.jpg.420x236_q85_box-0%2C240%2C2560%2C1680_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : les réfugiés manifestent contre le bidonville de la honte

Les récents orages, très violents, ont ravagé la « jungle », le bidonville où survivent plus de 3 500 réfugiés à Calais. C’est en effet sur un terrain marécageux à l’écart de la ville que se trouve le centre d’accueil de jour Jules-Ferry, ouvert par le gouvernement, et c’est là, autour de l’enceinte, que les réfugiés traqués se sont installés. Maintenant les sols sont inondés, les abris précaires détruits, les matelas et les affaires personnelles souillés. Et la vie quotidienne est encore plus dure.

Illustration - les réfugiés manifestent contre le bidonville de la honte

Vendredi 4 septembre, ils étaient une cinquantaine devant la mairie, sous la surveillance des forces de police, arborant des pancartes pour la liberté de circulation et le respect des droits de l’homme. Ils protestaient contre les conditions indignes dans lesquelles leur est servi, en nombre insuffisant, l’unique repas de la journée : deux heures d’attente sans abri, en mangeant sans pouvoir s’asseoir, et sous surveillance policière.

Les manifestants, qu’ils soient des réfugiés du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan ou de Syrie, ont aussi observé une minute de silence en mémoire du petit Syrien Aylan, cet enfant mort dont la photo a fait la une des médias. Natacha Bouchart, maire de Calais et sénateur Les Républicains, venue sur les lieux, a renvoyé sur l’État la responsabilité de la situation. Elle voudrait faire oublier qu’en son temps elle n’avait pas hésité à multiplier les déclarations ignobles contre les réfugiés pour se faire réélire.

Ce ne sont pas les annonces lamentables du Premier ministre, venu le 31 août, qui vont améliorer quoi que ce soit. Il prévoit l’ouverture d’un camp de 120 tentes avec des travaux de terrassement qui seraient achevés en janvier 2016, et pour seulement 1 500 places. Où iront les 2 000 autres réfugiés présents actuellement ? Les problèmes vitaux des sanitaires, de l’accès à l’eau ou du ramassage des déchets, posés depuis des mois par les associations, n’ont toujours pas reçu de réponse. De plus, les femmes et les enfants, du moins les deux tiers d’entre eux, qui peuvent actuellement disposer d’un hébergement de nuit dans le centre Jules-Ferry, ne seront désormais mis à l’abri que trois mois maximum, la seule perspective envisagée face à l’exiguïté des deux modules existants étant de faire tourner les occupants.

Les autorités diverses se moquent bien du sort tragique des milliers d’exilés, désormais coincés dans la souricière qu’est devenu Calais par la volonté politique des États français et britannique. Mais ceux-ci se font entendre en revenant manifester chaque jour. Lundi 7 septembre encore, ils ont défilé dans les rues aux cris de « No jungle », « Nous ne sommes pas des animaux », « Freedom ».

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