Beulin et la FNSEA : le syndicat des gros qui écrase les petits09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Beulin et la FNSEA : le syndicat des gros qui écrase les petits

À l’issue de la manifestation du 3 septembre, Xavier Beulin, dirigeant de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, qu’il dirige depuis 2010, a été hué par certains agriculteurs se jugeant floués par les propositions gouvernementales acceptées par ce syndicat.

Floués, les petits agriculteurs le sont sans conteste. Xavier Beulin se prétend le porte-parole de tous, mais il n’est que celui de gros producteurs… dont il fait lui-même partie.

Son curriculum vitae est édifiant. Cet homme, qui habite un appartement à Passy et dit monter sur son tracteur tous les week-ends dans sa ferme familiale du Loiret, une ferme de 500 hectares tout de même, préside une multinationale de l’agroalimentaire baptisée Avril. Ce géant céréalier affiche un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros, regroupe 150 sociétés réparties dans 22 pays. Il est présent aussi bien dans les semences que dans l’alimentation animale, avec la société Glon Sanders, et dans les biocarburants avec le diester. Il possède des marques bien connues, comme les huiles Lesieur et Puget ou les œufs Mâtines. Avril est un véritable empire agro-industriel, qui intervient dans le domaine financier via sa société de financement et de développement Sofiprotéol.

Mais Xavier Beulin a d’autres cordes à son arc. Il a également investi dans la presse, en étant actionnaire du magazine France agricole. Il dispose surtout d’un grand nombre de mandats dans des institutions clés, comme le port de commerce de La Rochelle, deuxième port français pour l’exportation des céréales, qu’il préside. Il participe également au conseil économique et social du Centre. Autant dire qu’il est bien placé dans différentes instances étatiques pour défendre… ses intérêts et ceux de ses pairs, gros céréaliers.

La FNSEA a de toute façon toujours entretenu des relations étroites avec les gouvernements successifs. Si ses dirigeants sont traditionnellement de droite – nombre d’entre eux ont poursuivi une carrière politique de ce côté-là – ils s’accommodent très bien d’un gouvernement de gauche, comme l’ont montré les dernières tractations entre le ministre de l’Agriculture Le Foll, Hollande et Beulin.

Un tel dirigeant montre bien ce qu’est ce syndicat, majoritaire parmi les paysans, et à quoi aboutit sa politique pour les plus petits. Les représentants syndicaux élus à tous les niveaux se trouvent être des notables, comme Xavier ­Beulin. Même si, pour certains, ils sont tout de même un peu moins riches, ils apparaissent comme les plus à même, par leur poids, leur influence et leurs relations, d’arracher subventions et autres aides. La FNSEA parvient ainsi, au nom de la prétendue nécessaire unité du monde paysan, à canaliser et à récupérer la colère des petits paysans, en en faisant un moyen de pression sur l’État… mais d’abord et avant tout pour le compte des capitalistes de l’agriculture.

Les plus petits des agriculteurs et des éleveurs ne doivent pas compter sur ces gens-là pour défendre leurs intérêts, mais rechercher l’alliance des autres travailleurs, à commencer par les travailleurs salariés. ­Combattre l’emprise du capital sur toute la société est leur intérêt commun.

Partager