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Leur société
Mediator : le combat contre Servier continue
Si Jacques Servier n’est plus, le laboratoire qu’il a créé et qui porte son nom poursuit la même politique : engranger toujours plus en dépensant le moins possible. Les victimes du Mediator le paient cher.
En 1976 quand ce médicament a été mis sur le marché, on ne connaissait pas ses effets nocifs mais le laboratoire Servier savait que c’était une amphétamine. Pourtant quand, en 1997, tous les médicaments de cette classe chimique ont été retirés du marché à cause de leur toxicité cardiaque, le laboratoire a tout fait pour masquer la véritable nature du Mediator. Il a donc continué à être produit, vendu et même remboursé à 65 % par la Sécurité sociale jusqu’en novembre 2009. Pendant douze années supplémentaires, il a donc continué à empoisonner et à tuer.
Au total, deux millions de personnes ont pris du Mediator. Des milliers d’entre elles ont souffert ou souffrent encore de maladies cardiaques graves et les experts estiment qu’entre 1 300 et 1 800 d’entre elles en sont mortes. Et ce n’est pas fini.
En septembre 2011, quand l’État a mis en place un système d’indemnisation des victimes par l’Oniam (office national d’indemnisation des victimes d’accidents médicaux) en attente du procès contre Servier, le laboratoire a sorti son artillerie pour contester les dossiers, diminuer le montant des indemnisations, les retarder. Depuis 2014, depuis qu’il est mis en examen pour « tromperie aggravée avec mise en danger de l’homme », « escroquerie », « homicides et blessures involontaires », « trafic d’influence et prise illégale d’intérêts », les cabinets d’avocats à sa solde n’ont cessé d’utiliser tous les rouages de la machine judiciaire pour retarder le procès, et surtout l’indemnisation des victimes.
Irène Frachon, la pneumologue de l’hôpital de Brest, dont le combat fut décisif dans l’interdiction du Mediator en 2009, s’insurge contre les recours incessants des avocats de Servier qui repoussent le procès en 2018. Criant sa colère devant les victimes qui attendent et le désespoir de certaines dont l’état de santé ne cesse de se dégrader, elle vient de lancer un manifeste. Elle dénonce le comportement inacceptable de Servier, en appelle aux médecins et à leurs instances pour qu’ils reconsidèrent les liens les unissant audit laboratoire. Entre la défense de la santé et un partenariat intéressé avec Servier, il faut choisir.