États-Unis : la bulle des prêts automobile09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : la bulle des prêts automobile

L’article ci-dessous est une traduction d’un article de The Spark, le bimensuel de l’organisation trotskyste américaine du même nom.

Les constructeurs automobiles sont en train d’enterrer les automobilistes sous une montagne de dettes. La durée moyenne des emprunts pour acheter une voiture neuve est de 66 mois, presque six ans. Et de nombreux prêts pour une voiture neuve se font sur huit, neuf ou même dix ans ! Le fait de devoir s’endetter si longtemps, simplement pour pouvoir se déplacer, reflète évidemment le recul du niveau de vie.

Environ 30 % de ces nouveaux prêts sont considérés comme des « subprimes », des prêts toxiques, et sont assortis de très forts taux d’intérêt. On estime que General Motors et Chrysler utilisent ce type de prêts pour vendre près de la moitié de leurs voitures.

Cette dette croissante, en particulier celle qui est liée aux emprunts toxiques, a contribué à la renaissance des entreprises automobiles. On s’attend à ce qu’elles vendent cette année près de 17 millions de voitures, contre 10,4 millions en 2009. Et entre-temps, les constructeurs automobiles ont augmenté le prix moyen par véhicule de 5 000 dollars (5 000 euros).

Le résultat est un gonflement énorme de leurs profits. Le mois dernier Ford a annoncé près de deux milliards de dollars de profits pour le trimestre, une augmentation de 44 % par rapport à l’an dernier. GM a annoncé 1,2 milliard de profits contre 278 millions il y a un an. Il en va de même pour toutes les entreprises de fournitures pour l’automobile.

Les banques et compagnies ont aussi gonflé leurs profits grâce aux prêts automobiles, en particulier les prêts toxiques aussi bien pour les voitures neuves que pour les voitures d’occasion. Ces compagnies financières spécialisées dans ce type de prêts, comme GM Financial, Ally Financial (anciennement GMAC, la branche financière de GM) et Exeter Finance du groupe Blackstone, ont utilisé ces prêts pour en faire des instruments financiers qu’elles ont revendus – tout comme Wall Street l’avait fait au cours de la crise des prêts immobiliers, il y a seulement quelques années.

Les emprunteurs de ces prêts toxiques sont coincés et doivent payer des intérêts de 18 % pour une voiture neuve et de 30 % pour une voiture d’occasion. Et plus la durée du prêt est grande, plus la charge financière est importante. Le prix de la voiture peut ainsi doubler ou tripler. Aussi, de nombreux travailleurs continueront à payer leur voiture longtemps après qu’elle sera inutilisable.

Alors bien sûr, de plus en plus nombreux sont les emprunteurs qui font défaut. Leur nombre a doublé en trois ans. Mais jusqu’ici les prêteurs ont réussi à se protéger en saisissant la voiture et en la revendant. Ils localisent les voitures par GPS et utilisent un interrupteur automatique pour les immobiliser à distance. Ainsi, non seulement ils rackettent des personnes qui n’ont pas d’autre moyen de se rendre au travail, mais parfois ils immobilisent la voiture en plein milieu de la circulation !

En enfonçant les emprunteurs dans des dettes de plus en plus importantes, les capitalistes non seulement sèment la misère, mais ils préparent le terrain à une nouvelle crise de la dette. Lorsque les emprunteurs feront massivement défaut, ils inonderont le marché de voitures invendues, ce qui peut engendrer un effondrement économique.

Quel magnifique système représentent ces entreprises : un capitalisme criblé de dettes, suceur de sang !

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