De l’agriculture à la distribution : la concentration en marche09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De l’agriculture à la distribution : la concentration en marche

En juillet, au début de leur mouvement, les agriculteurs en colère ont engagé des actions en bloquant les entrées d’un certain nombre d’hypermarchés. Ils protestaient contre les prix à la baisse que leur imposent les centrales d’achat de la grande distribution. Ils ont dénoncé ensuite les propriétaires d’abattoirs et les industriels qui tous font pression sur leurs fournisseurs pour accroître leurs marges.

Mais si toute cette chaîne alimentaire est composée de secteurs d’activité distincts, il n’en est pas de même de la propriété du capital et du contrôle de la chaîne alimentaire structurée et dominée par des monopoles tout-puissants de la production à la commercialisation.

Ainsi, un groupe comme Intermarché, qui possède par ailleurs la plus grosse flotte de pêche du pays, gère au travers de sa filiale Agromousquetaires 64 usines, principalement de l’alimentaire, et est à la tête de trois usines d’abattage de porcs et sept de salaison pour servir les 1 800 Intermarché et Netto du groupe. C’est Intermarché qui a repris en octobre 2014 les abattoirs Gad, avec seulement 530 salariés sur les 900 encore à l’effectif au moment du dépôt de bilan. Le groupe Leclerc, lui, contrôle six sites industriels d’abattage et de salaison. L’un de ses abattoirs de Bretagne, la société Kermené, emploie plus de 3 000 salariés ce qui en fait un des plus gros abattoirs européens. Le groupe Casino-Franprix-Leader Price a racheté en mai dernier une usine de découpe de volailles. Il est depuis peu actionnaire d’une entreprise laitière qui fabrique des fromages pour ses magasins.

Et cette concentration de moyens et de capitaux qui permet à la grande distribution de peser sur les prix d’achat se retrouve à tous les niveaux de la chaîne. Nestlé, Danone et Lactalis imposent leurs prix aux producteurs de lait. Bigard (marques Charal et Socopa), qui à lui seul possède la moitié des abattoirs implantés en France, a la puissance nécessaire pour décider des prix selon les « lois du marché ». C’est le cas également de la Cooperl, une coopérative agricole qui achète les animaux de ses 2 500 agriculteurs adhérents et qui a les moyens avec Bigard de boycotter le marché de Plérin dans les Côtes-d’Armor, censé fixer le prix d’achat du porc aux éleveurs. La Cooperl réalise 30 % de son chiffre d’affaires sur les marchés internationaux. Elle peut ainsi contraindre ses adhérents à s’adapter aux règles du marché capitaliste mondial ou… à disparaître.

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