Rainbow Warrior : l’État français terroriste09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rainbow Warrior : l’État français terroriste

Trente ans après avoir saboté le navire Rainbow Warrior de l’association écologiste Greenpeace, un des militaires français impliqués vient de présenter ses excuses à la famille de la victime.

En 1985, le Rainbow Warrior était amarré à Auckland, en Nouvelle-Zélande, et allait appareiller pour l’atoll polynésien de Mururoa pour protester contre une campagne d’essais nucléaires que l’armée française s’apprêtait à mener. Contrarié par les pacifistes de Greenpeace, qui ne voulaient pas le laisser atomiser Mururoa sans le dénoncer à l’opinion publique, le gouvernement français, de gauche à l’époque, donna l’ordre aux services secrets de couler le navire.

Plein de remords, le colonel Kister, qui était à l’époque nageur de combat, dévoile à présent qu’il n’était pas question simplement d’endommager l’hélice du Rainbow Warrior, même si cela aurait été suffisant pour l’empêcher de naviguer 4 000 kilomètres pour atteindre Mururoa. Des plastiqueurs professionnels comme Kister auraient pu le faire sans faire courir de risque à l’équipage du navire écologiste, mais le gouvernement français voulait une véritable action terroriste ayant pour but de couler le navire. Cela fut fait à coups d’explosifs le 10 juillet 1985. Outre les dommages matériels, le photographe néerlandais Fernando Pereira y perdit la vie.

Les dessous de cette affaire auraient pu rester secrets si deux des espions français déployés en Nouvelle-Zélande pour l’occasion ne s’étaient pas fait pincer par les autorités locales quelques jours plus tard. Mis devant ses responsabilités, le gouvernement socialiste de l’époque fit sauter deux fusibles : le ministre socialiste de la Défense Hernu et le patron des services secrets extérieurs, la DGSE.

François Mitterrand, président depuis 1981, prétendit contre toute évidence n’être au courant de rien. Quant au Premier ministre de l’époque, et actuel ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, après plusieurs semaines de scandale, il finit par admettre la responsabilité du gouvernement français, sans pour autant songer à la démission.

Les deux espions pris sur le fait furent condamnés à dix ans de prison par la justice néo-zélandaise. Mais, grâce à un accord passé avec la France, ils furent libérés au bout d’un an, et seulement assignés à résidence en Polynésie, sur un atoll certes, mais non irradié celui-là !

On comprend pourquoi le capitaine du Rainbow Warrior a réagi de façon vive aux aveux bien tardifs du colonel français. Après avoir accepté les excuses du poseur de bombe, il a déclaré que « cela n’enlève rien au fait que lui et ses amis, le président d’alors, Mitterrand, et tous ceux qui faisaient partie de cette équipe, qui ont préparé et mené cette opération, sont des meurtriers ».

On peut même ajouter qu’ils en connaissaient un rayon en terrorisme d’État.

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