Devant l’émotion suscitée par la photo du cadavre du petit Aylan échoué sur une plage turque, Sarkozy s’est senti obligé d’infléchir son langage vis-à-vis des migrants : « Ils sont nos frères dans l’espèce humaine », a-t-il déclaré à l’université d’été de son parti. Mais il ne veut pas pour autant héberger ses « frères » dans sa maison. Et de proposer d’instaurer des centres de rétention pour les migrants dans les pays d’Afrique du nord qui le voudraient, ainsi qu’en Serbie et en Bulgarie, avant qu’ils ne pénètrent dans l’espace Schengen, ces deux derniers États européens n’en faisant pas partie. Là, il faudrait opérer un tri et renvoyer tous ceux qui ne seraient pas jugés réfugiés politiques dans leur pays ravagé par la famine ou la guerre.

Marine Le Pen est sur la même longueur d’onde, nulle surprise à cela. Elle s’oppose à la « submersion migratoire » que représenterait l’accueil de... 24 000 réfugiés ! Fidèle à elle-même, elle propose de renvoyer tous les immigrés dans leur pays, en y créant des « zones humanitaires » où ils seraient en sécurité. Des zones créées par qui et contrôlées par qui ? Elle ne se donne pas la peine de chercher une réponse cohérente.

Derrière la fausse émotion, la droite et l’extrême droite tiennent le même discours xénophobe, dans la continuité de leurs positions politiques respectives.