PSA-Mulhouse : l’écran de fumée des créations d’emplois09/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2458.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA-Mulhouse : l’écran de fumée des créations d’emplois

À l’usine PSA de Mulhouse, la direction vient d’annoncer le démarrage d’une équipe de week-end à partir de janvier prochain.

Si le patron évoque des ventes de voitures qui seraient supérieures aux prévisions pour justifier cette équipe de production supplémentaire, la raison principale est ailleurs : en juin dernier, l’une des deux lignes de montage de l’usine a été complètement arrêtée, et la production des trois véhicules (Citroën C4 et DS4, Peugeot 2008) concentrée sur la ligne restante.

Alors, même avec des installations qui tournent 23 heures sur 24, il n’est pas possible de fabriquer autant de voitures avec une chaîne de montage en moins, et c’est pour cela que depuis plusieurs mois les travailleurs se voient imposer des heures supplémentaires, avec des semaines de six jours d’affilée au travail, de jour comme de nuit.

Et avec cette équipe où les ouvriers devraient travailler en 2x12 heures le samedi et le dimanche, l’objectif du patron est de saturer davantage encore l’unique ligne de montage. D’ailleurs, dès octobre, il a augmenté la production des équipes existantes de deux voitures par heure, soit 52 véhicules/heure.

Cette annonce a été l’occasion d’une campagne médiatique pour vanter des embauches et 950 « créations de postes »… rien que ça ! Si des journalistes ont complaisamment relayé le message du patron, celui-ci n’a pas été reçu de la même manière dans les ateliers, et pour cause.

Car les prétendus embauchés seront en fait 750 intérimaires que la direction va prendre pour la durée de cette équipe de week-end, soit sept mois. Quant aux 200 autres, ce seront majoritairement des ouvriers professionnels et des agents de maîtrise qui viendront des équipes de doublage et de nuit.

La direction se félicite même qu’il existe, selon ses propres termes, un « vivier d’intérimaires » dans lequel elle va pouvoir puiser : ce sont 300 ouvriers qu’elle a renvoyés de l’usine entre mai et juillet, au moment de l’arrêt d’une des deux lignes de montage, et qu’elle va rappeler pour qu’ils retournent au poste de travail occupé précédemment. Au passage, le DRH n’oublie pas de remercier le gouvernement qui, avec la loi Rebsamen, a considérablement réduit le « tiers temps », délai légal qu’un employeur était censé respecter avant de rappeler un intérimaire venant de travailler un certain temps pour lui.

Des embauches donc, il n’y en a pas depuis plusieurs années à l’usine : les départs ne sont pas remplacés, et l’effectif ne cesse de baisser. Cela se ressent au niveau des conditions de travail, et encore plus depuis le passage en monoflux (une seule ligne de montage). Alors, si quelques ouvriers en CDI se posent la question d’aller travailler pendant quelques mois dans l’équipe de week-end, si PSA ne fait pas uniquement appel à des intérimaires, en dehors des ouvriers professionnels et de l’encadrement, beaucoup disent qu’ils ne s’imaginent pas travailler 12 heures d’affilée en ligne de montage, avec les cadences actuelles.

En définitive, cette annonce avait aussi pour but de faire passer au second plan la programmation d’heures supplémentaires (non payées) qui sont prévues pour le moment jusque fin octobre. Mais il n’est pas sûr que cela suffise, et il est à souhaiter en tout cas que le ras-le-bol, qui existe face aux semaines à rallonge imposées depuis des mois, s’exprime plus largement.

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