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Leur société
Fermeture des blocs opératoires : Les hôpitaux de proximité menacés
Après les maternités condamnées à être fermées si elles ne réalisent pas au moins 300 accouchements par an, ce sont maintenant les blocs opératoires qui devront fermer s'ils ne pratiquent pas au moins 1 500 interventions annuelles.
Sur les 1 075 établissements qui pratiquent des interventions chirurgicales, 182 sont en deçà de ce seuil et devraient fermer leurs portes. Le prétexte invoqué est le même que pour les maternités : « En-deçà, il existe une absence globale de qualité et une perte de chances pour le patient. » Et l'histoire n'est pas nouvelle, puisque voilà trois ans que le ministère de la Santé est attelé à la tâche de fermer des blocs opératoires, au prétexte de la « qualité des actes » et de la « sécurité des malades ». Seule différence, en 2006, pour le ministre de l'époque Xavier Bertrand, le couperet était à 2 000 interventions annuelles, aujourd'hui il est à 1 500. Mais, au-delà du seuil choisi, c'est bel et bien la restructuration des établissements hospitaliers à la sauce rentabilité qui est visée.
Près des deux tiers des interventions chirurgicales sont assurées par le privé, où il faut pouvoir acquitter des dépassements d'honoraires souvent exorbitants, quand ce n'est pas les dessous de table. Mais public et privé n'assurent pas les mêmes types d'interventions : c'est le public qui assure les opérations lourdes, tandis que dans la plupart des cas le privé fait du chiffre et s'enrichit avec des appendicites et autres prothèses de hanche. Alors que, dans de nombreuses villes petites et moyennes, il n'est déjà plus possible de se faire opérer dans le public, cela ne va pas s'améliorer car les 182 menaces de fermeture concernent plus du quart des blocs du secteur public, contre 9 % de ceux des cliniques privées. Les fermetures de blocs vont encore allonger les délais d'interventions pour tous ceux qui doivent être opérés dans le public. Et elles vont augmenter le nombre de fermetures de maternités car, quand un bloc ferme dans un hôpital, les anesthésistes disparaissent et, avec eux, les possibilités d'accouchement.
Les arguments sur « la qualité des actes » et « la sécurité des malades » sont des faux-semblants. Bien sûr qu'il vaut mieux un plateau pourvu des équipements les plus performants pour une intervention lourde mais, pour la plupart des accidents quotidiens, il faut des hôpitaux de proximité permettant d'intervenir au plus vite, sans avoir à parcourir une longue distance au cours de laquelle le problème peut se transformer en drame.
Et puis, si les salles d'opération de certains hôpitaux publics sont aujourd'hui sous-utilisées, c'est faute de personnel, faute d'embauche et aussi parce que des chirurgiens, après avoir appris leur métier dans le public, l'abandonnent pour des cliniques privées où ils peuvent facturer des dépassements d'honoraires pratiquement sans limite qui leur assurent les revenus dont ils rêvent.
Non ce n'est ni « la qualité des actes » ni « la sécurité des malades » qui sont en jeu, mais la politique d'économies du gouvernement, la guerre qu'il a décidé de mener pour diminuer les investissements de l'État dans les services publics et, entre autres, à l'hôpital.
Comme à Die, où la mobilisation des salariés et des usagers a permis le maintien de la maternité en dépit de la décision des technocrates à la solde du gouvernement, c'est la mobilisation qui permettra d'imposer le maintien des hôpitaux de proximité dont la population a besoin.