Quand les banques étranglent les communes, c'est la population qui paie28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand les banques étranglent les communes, c'est la population qui paie

Le maire de Saint-Étienne a décidé de porter plainte contre une banque. Le président du Conseil général de Seine-Saint-Denis menace de le faire contre cinq autres banques et souhaite que d'autres collectivités territoriales fassent de même. Cette ville et ce département, comme de nombreuses autres collectivités territoriales, sont confrontés au même problème : ils ont contracté des emprunts dits « structurés » dont le taux, variable, menace d'exploser à partir de 2010, passant dans le cas de Saint-Étienne, de 4,3 % à 24 % par an.

Ces emprunts à taux variable, inférieur à celui du marché au début, ont été proposés aux communes par les grandes banques ayant pignon sur rue et avec qui elles sont en relations depuis toujours. Il était certes spécifié que le taux était variable, suivant la parité livre sterling-franc suisse, le cours du guano à la Bourse de Canton, ou des valeurs plus exotiques encore. Mais les maires, conseillers généraux etc., ont fait comme beaucoup : ils ont cru les banquiers. Et maintenant ils doivent payer.

Les collectivités territoriales sont obligées d'avoir recours à l'emprunt, car on ne peut pas financer sur le budget annuel un grand équipement collectif, un stade ou une bibliothèque par exemple. Une avance de trésorerie suivie d'un remboursement étalé dans le temps sont nécessaires. Le fait que cette avance soit effectuée par les banques privées constitue déjà une excellente affaire pour ces dernières. Ainsi en 2007 les collectivités ont versé 4,2 milliards d'euros d'intérêts aux banques, sur un budget cumulé de 200 milliards.

Aujourd'hui, la dette totale des collectivités est estimée à 126 milliards d'euros, dont le quart serait constitué d'emprunts à taux variable. L'augmentation brusque des taux en 2010 risque donc de coûter des milliards d'euros aux villes, départements et régions, alors même que leurs recettes sont en baisse.

Les collectivités, dont le budget doit obligatoirement être en équilibre, devront donc réduire leurs dépenses pour pouvoir payer les banquiers. Le profit de ces derniers vaudra son poids de suppressions de personnel utile à la population, de collèges vétustes non rénovés, d'aides aux plus démunis diminuées, bref de vie encore un plus dure pour la population travailleuse.

Si à taux fixe les banquiers sont déjà des parasites, à taux variable ce sont des cannibales.

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