Sarkozy s'adresse aux agriculteurs : Un discours électoral de plus28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy s'adresse aux agriculteurs : Un discours électoral de plus

Après les manifestations des producteurs de lait, suivies de celles des autres filières agricoles, Sarkozy s'est déplacé le 27 octobre à Poligny, dans le Jura, pour s'adresser aux paysans. L'exercice du pouvoir commandant la prudence, les services de l'Élysée ont choisi une des régions les moins touchées par la crise et, surcroît de précaution, n'ont pas invité les syndicalistes paysans au meeting. Sans parler de la mobilisation policière entourant la ville pour empêcher toute manifestation intempestive.

Car les paysans ont de quoi être en colère : leurs revenus, qui ont déjà baissé l'an passé, diminueront encore cette année. Cette baisse de revenus ne produit évidemment pas le même effet sur les capitalistes de l'agriculture, gros céréaliers ou betteraviers par exemple, que sur les jeunes agriculteurs nouvellement installés, endettés jusqu'au cou et qui travaillent seuls sur leur exploitation. Ce sont essentiellement ces derniers qui se retrouvent étouffés par la baisse des prix agricoles.

Aussi Sarkozy a-t-il promis 1,65 milliard d'euros pour « sauver l'agriculture française » qui, selon lui, traverse une « crise sans précédent ». L'éternel politicien en campagne espère sans doute que les agriculteurs se souviendront du seul montant, 1,65 milliard, et pas de la façon dont il se décompose. Car le diable est dans les détails.

Il y a d'abord un milliard... de prêts accordés par les banques. L'État paiera ce qu'il faut, 200 millions d'euros, pour que les taux d'intérêt effectifs soient réduits à 1,5 %, et même 1 % pour les jeunes agriculteurs. Les agriculteurs étant déjà endettés, l'opération consiste en fait à offrir 200 millions aux banques pour qu'elles repoussent les échéances de leurs prêts. À qui donc fait-on un cadeau ?

Sur les 450 millions restants, 120 seront consacrés à rembourser la taxe carbone... que le gouvernement vient de mettre en place. Une autre partie servira à payer les cotisations des agriculteurs employant des travailleurs saisonniers, mesure qui favorisera les plus grosses exploitations.

Ce plan ne sortira pas les petits paysans des difficultés, pas plus que les discours, encore répétés par Sarkozy, sur la nécessaire régulation des marchés agricoles, la politique agricole de l'Europe, etc.

La finalité de la production agricole est de nourrir la population, mais pour cela les paysans doivent parvenir à vendre leur production sur le marché, en concurrence avec d'autres producteurs dans le monde entier. Dans cette lutte les plus petits périssent et la crise actuelle accélère ce processus de deux façons. D'une part elle aiguise la concurrence par la restriction du marché solvable et la chute des prix agricoles. D'autre part l'État, consacrant toutes ses ressources à sauver les profits des grands groupes capitalistes, ne veut plus consacrer d'argent à aider ces petites entreprises que sont les exploitations agricoles familiales. Le grand capital financier au pouvoir est sans pitié pour les petits et le gouvernement, à part quelques discours démagogiques, est au diapason.

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