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Sécurité sociale : Les mutuelles ne veulent pas rembourser à la place de l'État
Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2010, qui est actuellement en discussion au Parlement, le gouvernement propose de passer de 35 à 15 % le taux de remboursement de 110 médicaments. L'argument avancé est, comme d'habitude, que leur efficacité serait faible ou insuffisante. Mais la vraie raison c'est que cela permettrait d'économiser 145 millions d'euros.
La fédération de la Mutualité française, qui regroupe près de 800 mutuelles couvrant 38 millions de personnes, proteste à juste titre contre cette baisse des remboursements. Elle dénonce le calcul du gouvernement selon lequel, si la Sécurité sociale ne paie pas, les mutuelles paieront, faisant cotiser davantage les assurés sociaux ; en fin de compte les assurés paieront pour que les laboratoires pharmaceutiques puissent continuer à écouler leurs produits comme avant.
La Mutualité française déclare qu'il faut choisir : ou bien un médicament est efficace, et il doit être remboursé ; ou bien il est inefficace, et il n'a pas à être remboursé. Elle retourne le chantage fait par l'État. Elle conseille aux mutuelles qu'elle regroupe « de ne pas prendre en charge les médicaments que le gouvernement remboursera moins bien d'ici peu ».
Cela fait des décennies que les gouvernements pratiquent ces déremboursements de médicaments. Cela aboutit à faire retomber sur les malades une part toujours plus grande des frais accentuant les inégalités d'accès aux soins.
Quant au déficit de la Sécurité sociale, prévu de 30 milliards en 2010, en quoi justifie-t-il de taxer davantage la population ? Ce déficit ne vient pas d'une augmentation des dépenses, qui serait pourtant normale, mais de la baisse des rentrées des cotisations due au chômage côté salariés et côté patrons aux exonérations. Le budget de la Sécurité sociale est décidé par le Parlement et le gouvernement. Ce budget, qui dépasse l'ensemble du budget de l'État, est une réserve où l'on puise presque sans limite pour aider les patrons et financer des dépenses qui devraient relever de l'État.
Le refus de la Mutualité française a le mérite de mettre le gouvernement devant ses responsabilités. Il y en a assez en effet de faire payer toujours plus cher les assurés, en les remboursant toujours moins !