SNCF Orléans-Les Aubrais : l'avenir des cheminots de la Voie, selon la direction : le sac à dos et le bungalow28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF Orléans-Les Aubrais : l'avenir des cheminots de la Voie, selon la direction : le sac à dos et le bungalow

Partout, la SNCF est engagée dans une politique de rentabilisation, avec la destruction de milliers d'emplois chaque année. L'exemple de l'avenir que veut réserver la SNCF aux cheminots qui entretiennent les voies est édifiant.

Jusqu'il y a quelques années, les cheminots de la Voie travaillaient « en brigade » avec un territoire bien précis à entretenir. Ils embauchaient dans des locaux en dur, où ils avaient vestiaires et douches et le matériel pour travailler. Mais, au fur et à mesure des suppressions d'emplois, ces brigades ont perdu la moitié de leur effectif et l'entretien du réseau s'est bien sûr dégradé d'autant.

À partir de ce constat, que la SNCF a bien été obligée de faire, la direction, plutôt que d'embaucher les cheminots nécessaires, veut imposer ce qu'elle appelle une « industrialisation de la maintenance » des voies, mais qu'il vaudrait mieux appeler une industrialisation de l'exploitation des travailleurs. C'en serait fini des embauches en lieu fixe, il faudrait des équipes mobiles pour aller là où les voies sont les plus dégradées !

Concrètement, l'embauche ne se ferait plus sur un lieu fixe, mais partout où le besoin s'en fait sentir sur un grand territoire géographique. Un cheminot d'Orléans ne travaillerait plus sur cet ensemble ferroviaire mais sur la région SNCF de Tours, qui s'étend du sud d'Etampes à presque Châtellerault, et de Tours à 35 km au sud de Bourges. Des cheminots « volontaires » expérimentent déjà cette pratique, que la SNCF veut généraliser. Il n'est donc plus question d'embaucher le matin à la brigade et de retourner le soir chez soi. Il faut être mobile et flexible, comme disent les chefs. Cette mobilité se traduit par devoir faire son sac à dos le dimanche soir, dormir dans des bungalows toute la semaine et espérer rentrer le vendredi. Bonjour la vie sociale !

Pour assurer l'hébergement, la SNCF trimballe des bungalows (en camion bien sûr !) partout où il y a des chantiers. Ces bungalows, où les cheminots sont censés se reposer et dormir, sont posés le long de voies bruyantes. L'évacuation des eaux usées se réduit à sa plus simple expression, des tuyaux branchés sur les bungalows, qui s'écoulent dans les voies !

Comme il manque bien sûr des « volontaires » pour de telles conditions de travail et de vie, la SNCF fait pression, supprimant des brigades et expliquant qu'il n'y aura du travail que dans ces grandes équipes régionales. Sur la région de Tours, la SNCF veut imposer à 60 cheminots de la Voie des mutations en équipe régionale d'ici la fin de l'année. Et ses rêves de flexibilité et de rentabilité ne s'arrêtent pas là, puisqu'en 2012 elle prévoit de découper le réseau national en seulement trois grands territoires, avec la mobilité que cela imposerait aux cheminots concernés !

Ces attaques, ces restructurations ne passent pas. De nombreuses réunions ont été envahies et perturbées par les cheminots qui ont dit leur fait aux directeurs d'établissement. Les cheminots expliquent avec raison que les installations ont besoin d'un entretien et d'une surveillance constants, et qu'une présence humaine permanente permet de prévenir les accidents (rails cassés, installations en panne vite réparées) et limite les actes de malveillance. Des grèves de protestation ont lieu et, le 20 octobre dernier, plus de 45 % des cheminots de ces brigades ont fait grève. Si elle persiste dans ses projets, la SNCF n'en a pas fini avec ces actions.

Partager