Belgique : Suez fait son beurre sur l'électricité28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : Suez fait son beurre sur l'électricité

Mardi 13 octobre, le gouvernement belge dévoilait un budget à l'équilibre laborieusement atteint, notamment grâce à une taxe sur les bénéfices de la production d'électricité, en contrepartie de la prolongation de dix ans de l'exploitation de trois centrales nucléaires.

Ces centrales nucléaires belges ont la particularité d'avoir été amorties en vingt ans au lieu de quarante, en faisant payer une taxe supplémentaire aux consommateurs. Le surprofit tiré maintenant de ces centrales, dont la construction a été amortie, serait de 1,2 milliard par an.

Le gouvernement belge a donc réclamé à Electrabel, filiale belge de Suez qui exploite des centrales, une part de ces surprofits sous forme de « rente nucléaire », d'un montant de 250 millions pour 2008. Et pour boucler son budget 2009, dans cette période de crise et de cadeaux aux banques, le gouvernement avait inscrit en recettes 500 millions de « rente nucléaire » d'Electrabel. Quant à la rente programmée pour 2010-2014, elle se chiffrait entre 215 et 245 millions par an.

La présentation du budget ronronnait, quand le PDG de Suez, Gérard Mestrallet, à la question d'un journaliste à Paris, répondait d'un ton arrogant que Suez ne paierait rien à la Belgique en 2009 ! Quant aux 250 millions versés en 2008, le groupe a engagé à ce sujet une contestation auprès de la justice.

Les ministres ont finalement dû admettre que les montants annoncés pour les budgets 2010-2014 remplaçaient les 500 millions de 2009 et sans doute aussi les 250 millions de 2008... Quant aux montants futurs, les dirigeants de GDF-Suez-Electrabel auront tout le loisir de les contester auprès des ministres qui formeront le gouvernement à ce moment-là.

Ce n'est pas encore tout ! Au début des années 2000, Electrabel payait environ 300 millions d'euros d'impôts en Belgique. Mais en 2008 cette société a eu droit à un crédit d'impôt de 94 millions d'euros, car elle affichait un bénéfice en recul de 80 %, qui se montait quand même à 186 millions. Ces chiffres sont d'autant plus étonnants que cette année-là, les prix de l'électricité ont augmenté d'environ 35 % pour les consommateurs. En fait, depuis l'acquisition d'Electrabel par Suez, une grosse partie des dettes de Suez sont logées dans Electrabel, ce qui lui permet de déduire des charges financières importantes et d'afficher un bilan presque catastrophique tout en permettant un maximum de profit pour Suez, en augmentation de 13 % cette année-là !

Les actionnaires de Suez empochent donc les bénéfices générés par Electrabel, les surprofits générés par la prolongation des centrales nucléaires, et en plus des centaines de millions soustraits au fisc belge par des manoeuvres comptables !

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