L'industrie pharmaceutique pleure la bouche pleine et continue à supprimer des emplois28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'industrie pharmaceutique pleure la bouche pleine et continue à supprimer des emplois

L'industrie pharmaceutique ne peut pas prétexter, comme celle de l'automobile, ne plus trouver d'acheteurs à sa production. La consommation de médicaments continue de croître en France, malgré la crise, car l'existence de la Sécurité sociale permet, dans une large mesure, même aux moins riches de se soigner, même si le nombre de ceux qui renoncent à le faire, faute de moyens, ne cesse de grandir.

L'industrie pharmaceutique affiche des profits qui se chiffrent en dizaines de milliards d'euros et des taux de profit supérieurs à 15 %. Le groupe français Sanofi Aventis a ainsi fait 7,2 milliards de profits en 2008, pour un chiffre d'affaires de 47 milliards. Parmi les entreprises du CAC 40 il venait en second, juste après Total. Cette année, il a engrangé 4,2 milliards rien que pour le premier semestre, ce qui laisse sous-entendre des bénéfices encore supérieurs sur l'année entière, ne serait-ce qu'avec les milliards obtenus par la vente des vaccins contre la grippe H1N1, dont Sanofi Aventis est un des fabricants.

Mais les profits se font aussi, dans les laboratoires pharmaceutiques comme dans d'autres secteurs, en supprimant des emplois et en fermant des sites de production. Ils réduisent ainsi la masse salariale, externalisent et augmentent les cadences pour compenser. Bristol-Myers Squibb annonce la fermeture de ses sites d'Épernon dans l'Eure-et-Loir (223 salariés) et de Meymac en Corrèze (162 salariés). GlaxoSmithKline, un autre fabricant du vaccin contre la grippe H1N1, supprime 800 postes à Evreux et le groupe 3M, 110 postes à Pithiviers. Quant à Sanofi Aventis, il est en train d'arrêter les fabrications sur son site de Vitry-sur-Seine. Tous ces groupes taillent dans les effectifs de la visite médicale, de la recherche et des fonctions centrales, supprimant près de 4 500 postes en moins de deux ans. Et selon une étude, les trusts pharmaceutiques supprimeraient 10 000 emplois de production sur les 45 000 existant en France.

Tous ces trusts invoquent les politiques de maîtrise des dépenses de santé du gouvernement, dont les déremboursements des médicaments. Tous prétendent que ces restructurations leur sont imposées par le succès des génériques, qui leur ferait perdre des parts de marché. Mais ils se gardent bien de dire que les médicaments génériqués sont anciens, que leurs frais de recherche et de mise au point sont donc depuis longtemps amortis. De plus les génériques sont bien souvent fabriqués par des filiales ouvertes ou déguisées de ces grands groupes, quand ils ne le sont pas par les groupes eux-mêmes.

Tout aussi mensonger est l'argument de la concurrence internationale et de la mondialisation. Car ces groupes sont mondiaux et produisent bien sûr à l'échelle mondiale. Sanofi Aventis, par exemple, réalise 45 % de son chiffre d'affaires à l'exportation. Quant à la spécialisation de certaines usines pour la production mondiale de telle ou telle molécule, c'est un choix qui n'aurait aucune raison d'impliquer automatiquement des suppressions d'emplois, si le but n'était justement pas celui-là, pour augmenter les profits.

Les trusts de l'industrie pharmaceutique, parmi les plus puissants trusts mondiaux, se portent en fait très bien. Et, comme tout industriel, ils savent qu'ils peuvent compter sur les subventions gouvernementales. La dernière d'entre elles, même si elle n'atteint pas des sommes colossales, est la subvention de 140 millions d'euros que Sarkozy vient d'attribuer aux laboratoires pour le développement des biotechnologies.

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