Rapport de la FAO : Un milliard d'êtres humains affamés par le capitalisme28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rapport de la FAO : Un milliard d'êtres humains affamés par le capitalisme

Un rapport de la FAO, l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, publié le 14 octobre à l'occasion de la semaine mondiale de l'alimentation, révèle que 1,02 milliard d'êtres humains souffrent de la faim dans le monde, soit un sixième de la population de la planète.

La quasi-totalité des affamés vivent dans les pays pauvres : 642 millions en Asie et dans le Pacifique, 265 millions en Afrique subsaharienne (soit une augmentation de 11,8 % par rapport à 2008), 53 millions en Amérique latine et aux Caraïbes (soit une augmentation de 12,8 %), 42 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord (soit une augmentation de 13,5 %). Près d'un habitant sur trois est touché dans l'ensemble du continent africain. Et même dans les pays développés, 15 millions de personnes ne mangent pas à leur faim, soit une augmentation de 15,8 %, toujours par rapport à 2008.

Au milliard d'êtres humains affamés, il faut ajouter deux autres milliards considérés comme mal nourris, sur six milliards et demi d'habitants que compte actuellement la planète. La sous-alimentation est permanente dans la société capitaliste, même en temps « ordinaire » pourrait-on dire. Durant la dernière décennie, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté régulièrement. En Afrique centrale par exemple, la part de la population sous-alimentée est passée de 36 % au début des années 1990 à 56 % une décennie plus tard.

Mais en une seule année, de 2008 à 2009, 105 millions de personnes de plus se sont retrouvées brutalement à connaître la faim. Et ce, du fait de l'aggravation de la crise, qui s'est manifestée par la crise financière de l'automne dernier, précédée par la crise alimentaire. Celle-ci s'était traduite par une flambée des prix alimentaires mondiaux, provoquée par une spéculation effrénée. Le prix du riz, pour ne citer qu'un exemple, a fait un bond de 54 % dans la première moitié de 2008. Et si, depuis, les prix alimentaires ont baissé, ils restent tout de même supérieurs de 24 % à ceux de 2006. En Amérique latine ou dans les Caraïbes, 40 à 80 % des prix alimentaires dépassent de 25 % en moyenne ceux atteints il y a deux ans.

La production agricole mondiale est pourtant suffisante pour nourrir la population. Elle s'est accrue de 2 %, en moyenne annuelle, entre 1980 et 2004. Mais cette progression n'a pas permis d'améliorer la situation, alors que pourtant l'augmentation de la population durant la même période n'a été que de 1,6 %.

« Le problème de la faim ne s'explique pas par un manque de nourriture, mais par l'impossibilité d'une partie de la population d'y avoir accès, faute de ressources suffisantes », a déclaré Bénédicte Hermelin, la directrice du Groupe de recherches et d'échanges technologiques (Gret), une organisation non gouvernementale. Ce n'est en effet ni le manque de riz, ni le manque de blé qui expliquent la situation alimentaire catastrophique, mais le fait que dans la société capitaliste tout se vend, la nourriture comme le reste. On peut mourir de faim à côté d'un hangar rempli de denrées, si on n'a aucun moyen d'acheter de quoi se nourrir. Surtout si le prix de ces denrées s'est envolé parce que les capitalistes spéculent sur le riz, le maïs, ou le blé, comme ils le font sur le pétrole, ou sur à peu près tout qui peut se vendre et s'acheter, quitte à détruire des tonnes de nourriture pour maintenir les cours.

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