États-Unis : Assurance médicale ne veut pas dire couverture médicale28/10/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/10/une2152.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Assurance médicale ne veut pas dire couverture médicale

Aux États-Unis, au moment où le projet de réforme de la couverture maladie voulue par Obama est en discussion au Congrès, un drame, illustrant le pouvoir des compagnies d'assurance sur la santé et même la vie des malades, a été à nouveau rappelé par les médias à l'attention du public. Le fait, remontant à près de deux ans, est bien une preuve de plus qu'il faut changer le système. Voici comment le bimensuel trotskiste américain The Spark le rappelle dans son numéro 856 de fin octobre.

Alors qu'une jeune fille de 17 ans se mourait de leucémie dans le centre médical de l'université de Californie à Los Angeles, son assurance médicale, Cigma, a refusé de donner son accord pour une greffe du foie dont les médecins disaient que c'était la seule chance de la sauver.

Sa famille et ses amis ainsi que des membres de l'Association des infirmières de Californie ont manifesté leur indignation en direction du siège de la compagnie d'assurances à Glendale, en Californie.

Confrontée à la publicité déplorable que cette décision lui valait, la compagnie a finalement changé d'avis et autorisé la greffe... mais trop tard : la jeune fille est morte cette nuit-là, le 20 décembre 2007.

Dix mois plus tard la famille subit un second choc, lorsqu'un juge de Los Angeles rejeta leur plainte contre Cigma comme injustifiée, en affirmant qu'un arrêt de la Cour Suprême de 1987 protège les assurances fournies par les employeurs lorsqu'elles entraînent des dommages sur des personnes et même lorsqu'elles leur coûtent la vie. Cet arrêt affecte 132 millions de personnes qui ont une assurance médicale fournie par leur employeur.

L'un des porte-parole de Cigma, qui a fini par quitter la compagnie, dégoûté d'avoir eu à gérer l'image de celle-ci au moment du drame, a expliqué que « les assureurs ont une grande latitude pour refuser l'accès aux soins sans craindre de représailles ou de conséquences financières ».

Les compagnies d'assurance, qui recherchent le profit maximum, tuent des milliers de personnes chaque année en leur refusant l'accès à des soins vitaux, avec l'appui du gouvernement et de la justice.

Les différents projets de loi discutés au Congrès n'y changeront rien, car ils laissent une large brèche que les compagnies d'assurance pourront exploiter. Ainsi, bien que ces projets de prétendue réforme obligent les compagnies d'assurance à assurer toute personne, quel que soit son état de santé, ces même compagnies seront toujours libres de refuser des soins à qui elles veulent. Et les patients n'auront toujours pas le droit de contester ces refus devant la justice, même s'il s'agit d'un cas de vie ou de mort !

Avec la prétendue réforme dont va accoucher le Congrès américain, la population aura donc l'obligation de s'assurer, mais les assureurs n'auront pas l'obligation de payer les soins !

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