Renault a annoncé un bénéfice record de 3,5 milliards d'euros pour l'année 2004. Ce bénéfice en augmentation de 43% est dû en grande partie aux gains de productivité faits année après année.

À Renault-Cléon nous sommes environ 5000 travailleurs à produire des moteurs et des boîtes de vitesse. 5000, sans compter les camarades de la FAC (Fonderie Aluminium de Cléon), une partie de l'usine vendue en 1999, et sans compter le nombre de camarades intérimaires qui a varié ces dernières années entre 400 et 1300, selon les nécessités de... la production.

La direction n'a que ce mot à la bouche : tout pour la production !

Tout est calculé, réfléchi, analysé pour améliorer un peu plus chaque mois le RO (le rendement opérationnel), autrement dit la productivité.

Entre 1996 et 2001, la production a augmenté de 58,4%, avec un effectif de travailleurs embauchés qui a bien moins augmenté (+4,5%). Le travail précaire a commencé à exploser durant cette période.

Ce qui a également explosé, c'est la productivité : environ +6% par an.

Tous les jours, la hiérarchie organise dans les ateliers des petites réunions pour ne parler que d'un seul sujet : le RO. Tout est bon pour développer l'intensification du travail. C'est constamment la recherche du "-1" dans les ateliers. Partout on voit des postes supprimés. Cela se fait poste après poste, tout doucement, mais de façon constante. Seul, de temps en temps, un coup de colère des travailleurs ralentit ce processus.

Depuis quelques mois, c'est la méthode "Kaizen" qui est à la mode... chez les grands chefs. Ils débarquent à plusieurs dans un endroit ciblé, ils s'agitent, discutent avec les travailleurs, font mine de tout faire pour améliorer les conditions de travail, chronomètrent, tentent de convaincre, font peu à peu pression et... au bout du compte suppriment un poste.

Là on voit le travail des chefs d'atelier !

La prétendue "réduction du temps de travail" a beaucoup aidé la direction. Elle s'est traduite par plus de flexibilité, l'annualisation du temps de travail. La suppression d'une partie des pauses d'une part et le fait qu'à l'usinage on n'arrête plus les machines durant le casse-croûte. Cela se traduit par autant de travail gratuit pour la direction.

Par ailleurs, on a vu dans la même période, une baisse importante des salaires en utilisant des jeunes embauchés, en particulier sur les chaînes de montage. Aujourd'hui bon nombre de jeunes, titulaires d'un bac professionnel, sont embauchés quasiment au smic.

La précarité, l'augmentation de la productivité, la baisse des salaires, voilà d'où viennent les millions d'euros empochés... par les actionnaires !