Samu et urgences : Quand les économies aboutissent à l'euthanasie03/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1909.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Samu et urgences : Quand les économies aboutissent à l'euthanasie

Lundi 28 février, le quotidien Libération titrait "Le Samu face à l'euthanasie passive". Dur, choquant et difficile à croire mais, effectivement, sur le terrain, des médecins appelés en urgence au chevet de personnes âgées en fin de vie en sont réduits à prendre la décision de ne pas les soigner.

Une enquête nationale réalisée par questionnaire auprès des médecins des Samu et publiée à l'occasion du congrès de la Société de Réanimation le révèle. Parmi les 1069 médecins qui y ont répondu, près des deux tiers affirment avoir été confrontés au cours des douze mois précédents, au moins une fois, à ce que le corps médical appelle pudiquement une décision de "limitation ou d'arrêt des traitements". Certes, dans la majorité des cas, il s'agit de patients souffrant de maladies très graves et pour lesquels la médecine ne peut malheureusement plus grand-chose. Mais l'enquête révèle que "16% des patients ont été proposés en réanimation, dont 78% ont été refusés; le manque de lits est cité comme explication au refus d'admission en réanimation dans 12,1% des cas". Ainsi donc, des personnes, majoritairement des personnes âgées dont les proches, ou elles-mêmes, ont appelé le Samu, peuvent être laissées sans soin et donc mourir parce que, dans leurs bureaux, ceux qui nous gouvernent ont décidé de fermer des lits hospitaliers et de couper les vivres à l'hôpital.

En haut lieu, on nous bassine avec de pseudo grandes discussions philosophiques et éthiques liées à l'allongement de la vie et aux difficultés des familles à y faire face. Mais, la réalité du terrain, c'est celle de médecins contraints de décider qui pourra bénéficier d'un lit dans un service de réanimation et qui n'y a pas droit.

La réalité, c'est aussi le manque de personnel. Une autre enquête rapporte que, si la moitié des français meurent aujourd'hui à l'hôpital, justement parce que les progrès de la médecine ont permis de prolonger l'espérance de vie, ils y meurent mal, souvent seuls et sans accompagnement. Parce que les aides-soignantes et les infirmières ne sont pas assez nombreuses pour prendre le temps nécessaire de tenir une main, d'apaiser et de parler.

Dans cette société qui a pour seul gouvernail la rentabilité, il ne fait pas bon être vieux et pauvre.

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