Le plan "grand froid" : Une misère... face à la misère des sans-logis03/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1909.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le plan "grand froid" : Une misère... face à la misère des sans-logis

Avec l'arrivée de la vague de froid, les autorités ont mis en vigueur le plan "grand froid" destiné aux personnes sans domicile, et même, dans vingt départements, le plan "froid extrême", lorsque la température descend à -10° la nuit et reste négative le jour. Ces plans consistent à renforcer les capacités d'accueil dans des centres, de jour comme de nuit, ainsi que les équipes du Samu social, qui font des rondes pour venir en aide aux sans-abri. Ainsi, 11000 lits supplémentaires peuvent s'ajouter aux 90000 existant dans les centres. Des gymnases ou salles des fêtes ont été réquisitionnés.

Cela n'a pas empêché un homme d'être trouvé mort de froid dans un dépôt de Marseille, dimanche 27 février; plus d'une dizaine d'autres ont connu le même sort depuis le début de l'hiver.

Il est scandaleux qu'il faille attendre des températures glaciales pour que les pouvoirs publics se préoccupent d'abriter, et pour quelques nuits seulement, ceux qui n'ont d'autre domicile que la rue. Tout comme l'est aussi la gradation entre les niveaux : quand les températures sont positives, les places d'hébergement sont limitées. Il faut qu'elles soient négatives pour que des lits supplémentaires soient proposés aux SDF. Pour beaucoup de sans-domicile, ces centres sont le dernier recours, vu les conditions d'hébergement souvent sommaires, la promiscuité qui occasionne des bagarres ou des vols et le refus d'y admettre les chiens, leurs seuls compagnons habituels. En outre, même si actuellement les responsables des centres d'hébergement font des pieds et des mains pour qu'il n'y ait pas de coupure entre les hébergements de jour et ceux de nuit, il faut chaque soir refaire une demande pour avoir un lit pour la nuit, que l'on devra quitter au petit matin pour un autre abri pendant la journée.

Mais le plus scandaleux est qu'il existe des sans-domicile, et qu'un nombre croissant de pauvres, chômeurs mais parfois, et de plus en plus souvent, des travailleurs disposant d'un emploi salarié, n'ont pas la possibilité de payer un logement. Selon une enquête récente de l'Insee, sur une semaine qualifiée de "moyenne", 86500 personnes, dont 16000 enfants, ont fréquenté au moins une fois une structure d'hébergement ou de distribution de repas chauds. Parmi ceux-là, les salariés, souvent des jeunes, qui vivent à la rue ou vont d'un hébergement provisoire à un autre, sont de plus en plus nombreux, tout comme les familles.

Le gouvernement peut bien établir des plans "grand froid" pour venir en aide à ceux qui n'ont plus rien. Ce n'est qu'une mesure de dernière urgence. Mais en ayant facilité les licenciements, la précarité et les bas salaires depuis des décennies, les gouvernants successifs et le patronat portent la responsabilité de l'augmentation du nombre de ceux qui n'ont que la rue comme "logement de fonction".

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