L'excision,une pratique barbare03/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1909.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'excision,une pratique barbare

À l'occasion du lancement de la campagne d'Amnesty International contre les mutilations sexuelles féminines, la presse a rappelé des chiffres accablants : actuellement dans le monde, entre 130 et 140 millions de fillettes et de femmes ont subi une mutilation sexuelle et, chaque année, deux millions sont encore soumises à cette pratique.

Elles sont africaines pour la plupart mais cette pratique existe en Indonésie, en Malaisie, au Yémen et dans les communautés originaires de ces pays, immigrées en Europe, en Amérique du Nord et en Australie.

En France, on estime à 30000 le nombre de femmes excisées et à 35000 le nombre de petites filles excisées ou menacées de l'être, dont 19000 pour la seule région parisienne, selon les chiffres fournis par le Groupe des femmes pour l'abolition des mutilations sexuelles (GAMS). En France, depuis 1983, la loi a reconnu l'excision comme une mutilation passible d'une peine allant jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Quelques procès retentissants auraient fait reculer ces pratiques sur le territoire français, d'après le GAMS, mais les parents profitent souvent des vacances au pays pour continuer à faire exciser leurs filles.

Les chiffres ne peuvent être que des estimations mais ils donnent une idée de l'ampleur de cette violence exercée contre les femmes. Elles sont des centaines de milliers à subir des mutilations parfois revendiquées au nom de principes religieux -et de toutes les religions, puisque les victimes sont issues de milieux aussi bien catholiques que protestants, musulmans, juifs, coptes ou animistes. Elles le sont au nom du respect d'une tradition qui veut que les hommes contrôlent la sexualité féminine et s'assurent de la fidélité de leur épouse en leur ôtant tout plaisir, et même en transformant en calvaire tout rapport sexuel.

L'ampleur des séquelles médicales -infections et hémorragies mortelles lors des mutilations- et tous les traumatismes psychologiques qui en découlent ont fini par contraindre un certain nombre de pays à mettre en place une législation dissuasive. L'action des militantes et des militants des droits des femmes ont obligé les États à prendre des mesures contre ces pratiques. Ainsi, un bon nombre de pays africains ont adopté, dans ce domaine, une législation répressive et même engagé des procès comme au Burkina-Faso ou au Ghana, en 1995.

Mais mettre fin définitivement à ces mutilations, cela signifie avant tout mettre fin à toute une misère matérielle et morale. Les gouvernements de ces pays, ravagés par la pauvreté et souvent par la guerre, n'en ont ni les moyens ni la volonté; quant à ceux des pays développés, c'est loin d'être pour eux une préoccupation. Ce sont souvent des ex-puissances coloniales comme la France qui, au temps de leur domination, ont joué sur les traditions les plus réactionnaires et soutiennent, aujourd'hui, des dictateurs locaux.

La libération des femmes, en particulier l'éradication de pratiques d'un autre âge, passe par la lutte de toutes celles et de tous ceux qui veulent se débarrasser d'une société fondée sur l'exploitation et l'oppression.

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