Depuis le 1er mars, La Poste a augmenté de trois centimes d'euro le timbre servant à affranchir la lettre standard (moins de 20 grammes): une hausse de 6%, qu'on nous présente comme un moindre mal, le président de l'entreprise publique, Bailly, comme son ministre de tutelle, Devedjian, espérant obtenir du gouvernement une hausse de 10%. La Poste compense ce manque à gagner en augmentant cette fois de 10% le tarif de la lettre pour l'Union européenne et la Suisse, qui passe de 0,50 à 0,55 euro.

La Poste explique que cette augmentation n'aurait qu'un faible impact sur le budget des familles, qui n'enverraient, selon ses études maison, que deux lettres en moyenne par semaine. Voilà qui doit rassurer les chômeurs qui envoient des dizaines de lettres de recherche d'emploi !

Cette augmentation, présentée comme infime par La Poste, lui rapportera cependant environ 200 millions d'euros supplémentaires, somme qui serait, dit-elle, consacrée à améliorer la qualité du service. Elle prétend qu'en 2007, 85% du courrier sera distribué à J+1 (le lendemain du dépôt dans la boîte) et, qu'en 2010, elle atteindra les 90% ! On se souvient d'une époque où une lettre postée était reçue le lendemain.

C'est un mensonge de prétendre que le service du courrier aux particuliers s'améliorera avec les projets de réorganisation de La Poste. Les tarifs dédiés aux entreprises, comme les "envois en nombre", restent, eux, inchangés. C'est ce type de clientèle que La Poste privilégie.

Et aucun engagement n'a été pris au sujet des 17000 "points de présence postale". Rentabilité oblige, les bureaux de poste, même ouverts à temps partiel, auront bientôt fait leur temps. Mais des services postaux confiés à une antenne tenue par un commerçant, boulanger ou marchand de tabac, si c'est cela, l'amélioration dont on nous parle !

Il est assez cocasse qu'à quelques semaines du référendum sur la Constitution européenne la direction de La Poste, sans opposition du gouvernement, dissocie le tarif du courrier à destination de l'Union européenne, qui sera dorénavant plus cher que le tarif intérieur pour la France. La Poste argue qu'en agissant ainsi elle s'aligne sur la pratique existant dans d'autres pays d'Europe. Bien curieuse façon d'aller vers l'unification européenne...