Dimanche 20 février, 35 millions d'Espagnols étaient appelés à voter pour ou contre la Constitution européenne. Les résultats n'ont guère surpris tous ceux qui avaient suivi la campagne électorale.

Le Parti Socialiste, la droite, les partis nationalistes basques, catalans les plus importants, les syndicats, tous ont fait campagne pour le "oui". Le "oui" l'a emporté avec 76,5% des voix.

Le "non", défendu par la coalition autour du PCE, Izquierda Unida, et par les partis nationalistes radicaux au Pays Basque et en Catalogne, n'a obtenu que 17,43% des voix. Le vote blanc étant de 6%.

Ce qui est notable, même si c'était également attendu, c'est le fait que sur les 35 millions d'électeurs, 14 millions seulement sont allés voter, ce qui ne fait que 42,4% de votants. Une abstention de 57,6%, c'est un record en Espagne, toutes élections confondues.

C'est que dans les quartiers populaires ce référendum, qui semblait joué d'avance, a plutôt amené des réactions indifférentes ou hostiles. Beaucoup avaient l'impression que c'était "une affaire de politiciens" et ne voyaient pas de raisons d'aller voter.

Les réactions des milieux politiques après le scrutin furent une continuation de la campagne électorale. Le dirigeant du gouvernement, Zapatero, s'est réjoui "d'avoir été le dirigeant d'un pays qui, le premier en Europe a approuvé la Constitution" et les socialistes clament que l'Espagne "a été à la hauteur de l'événement".

La droite considère, elle, que le faible taux de participation "est un échec" pour le gouvernement et que c'est à cause de "la campagne précipitée" que l'abstention a été très forte.

Llamazares, le dirigeant d'Izquierda Unida, se réjouit d'avoir capitalisé 17% de "non", ce qui est bien supérieur à ses scores habituels. Mais personne à IU ne peut prendre de telles déclaration au sérieux puisque le non a obtenu 30% dans certains quartiers bourgeois de Madrid et qu'au Pays Basque, avec 33% de votes négatifs, de même qu'en Catalogne, avec 28%, et en Navarre avec 28%, il est évident que c'est la mobilisation des milieux nationalistes, s'opposant, comme le disent les partis nationalistes radicaux, à "la destruction du Pays Basque ou de la Catalogne", qui a gonflé les scores négatifs.

Chaque parti trouve donc dans ce scrutin des raisons de se réjouir. Mais les travailleurs, eux, ne se sont pas mobilisés et ne se sont pas sentis concernés. Même si le oui l'a emporté, moins d'un Espagnol sur trois a approuvé la Constitution européenne.