Santé : Ce n'est pas la chasse au gaspi, c'est la chasse aux pauvres03/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1909.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : Ce n'est pas la chasse au gaspi, c'est la chasse aux pauvres

Entre l'augmentation du forfait hospitalier, la charge d'un euro pour le patient à chaque acte médical, la majoration des tarifs de consultation des médecins spécialistes, le parcours de soins du plan Douste-Blazy et la hausse des cotisations des mutuelles, les frais pour la santé vont constituer une charge financière de plus en plus lourde pour le budget des familles, voire empêcher une partie de la population de se soigner comme il le faudrait.

Interrogé sur sa réforme par Le Journal du dimanche, Douste-Blazy, le ministre de la Santé, prétend que la réforme de l'assurance-maladie "n'aura aucun impact supplémentaire sur l'évolution des dépenses des mutuelles, par rapport aux autres années". Mensonge. Les mutuelles elles-mêmes annoncent des hausses de cotisations.

La part des dépenses de santé laissée à la charge des malades va, elle aussi, encore s'accroître. À commencer par l'euro pour chaque visite chez le médecin (ou à un laboratoire d'analyses, etc.), ce qui représente une hausse de plus de 10% des frais imputés aux patients. Et beaucoup plus, s'ils ne respectent pas le "parcours" rendu obligatoire par la convention médicale issue de la réforme de l'assurance-maladie, en d'autres termes s'ils ne passent pas par un médecin choisi comme médecin traitant avant la plupart des consultations chez un spécialiste. D'un côté la Sécurité sociale prévoit un taux de remboursement plus bas, de l'autre la Mutualité française, qui regroupe 95% des mutuelles, a décidé de ne pas rembourser le dépassement d'honoraires autorisé.

Ce dispositif est présenté comme une source d'économies sur les dépenses de santé, dans la mesure où il dissuaderait les patients d'aller voir un spécialiste sans raison, comme si on allait voir un médecin pour passer le temps. Pour Douste-Blazy et la droite, un malade n'est qu'un profiteur, un pilleur de la Sécurité sociale. Quand on sait la façon dont l'État puise sans vergogne dans les caisses de la Sécurité sociale pour assurer des dépenses qui lui incombent !

Ce dispositif risque en effet d'être dissuasif, mais pour les plus démunis. Il est inadmissible que l'accès aux soins soit rationné selon qu'on a ou pas les moyens de payer.

Et ces prétendues économies ne sont qu'un calcul à la petite semaine, socialement coûteux, car si une partie de la population se voit contrainte de restreindre ses visites chez le médecin et laisse des pathologies évoluer avant d'aller consulter, en quoi cela sera-t-il plus "économique" qu'une politique permettant des diagnostics plus précoces ?

Économiser sur le nécessaire, pour donner le surplus aux riches, telle est la devise de ce gouvernement. Dans le domaine de la santé comme dans tous les autres domaines du service public.

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