Rapport sur la « valeur du travail » : Mensonges et démagogie réactionnaire03/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport sur la « valeur du travail » : Mensonges et démagogie réactionnaire

Le rapporteur général à l'Assemblée nationale, le député UMP Gilles Carrez, vient de rendre un rapport, commandé par Raffarin, qui reprend les thèmes chers au gouvernement, désignant les chômeurs comme les responsables du chômage et faisant des patrons des victimes à qui l'État doit venir en aide, soi-disant dans l'intérêt de toute la société.

«La France recule parce qu'elle travaille moins», affirme Gilles Carrez dans son rapport. Cette rengaine sur l'air de «l'économie qui va mal» est un mensonge, comme le montrent les résultats en Bourse qu'affichent les entreprises. «Le décrochage de la France» s'expliquerait, selon Gilles Carrez, par l'entrée tardive dans la vie active (à 28 ans en moyenne) et une sortie précoce (à 58 ans en moyenne). Seule la constatation, tirée de statistiques, est vraie, pas la conclusion qu'il en tire. Pour lui, ce ne sont bien évidemment pas les patrons qui sont responsables de cette situation, mais les chômeurs eux-mêmes. Il l'explique avec cynisme dans une interview au journal Les Echos du lundi 1erdécembre: «L'assistanat a développé de façon artificielle l'éloignement du travail». Cette déclaration fait écho à celle faite quelques jours auparavant par le ministre des Affaires sociales, François Fillon, toujours dans le journal Les Echos: «Le premier tour de l'élection présidentielle a montré l'exaspération des Français de catégories modestes qui travaillent dur et qui s'estiment à peine mieux récompensés que ceux qui "vivent de l'assistance". Ces affirmations, qui ne peuvent que faire bondir tous les travailleurs licenciés, pour certains à de nombreuses reprises, ou tous les jeunes travailleurs condamnés au travail précaire, ne visent qu'à flatter l'électorat le plus réactionnaire.

Et le rapport d'affirmer que la réforme des retraites adoptée par le gouvernement en juillet 2003 «valorise le travail des seniors», puisqu'elle donne la possibilité aux salariés de poursuivre leur activité pour améliorer leur retraite. Les travailleurs licenciés à partir de la cinquantaine, qui voient toutes leurs démarches pour trouver un emploi se solder par un échec, car ils sont «trop vieux», et qui voient leur niveau de vie chuter, apprécieront certainement cette «valorisation» des mensonges gouvernementaux

Tout ce rapport ne tend qu'à justifier les attaques gouvernementales contre les travailleurs, passées et à venir. Les vingt propositions qu'on y trouve vont toutes dans ce sens. Ainsi l'UMP propose un «contrat d'expérience», pour les chômeurs de longue durée de plus de 50 ans, sous la forme d'une exonération totale des charges patronales pendant deux ans. Il s'agirait par ailleurs de «rendre au chef d'entreprise la capacité d'organiser plus librement le temps de travail»; en clair, d'augmenter encore la flexibilité, possibilité pourtant déjà très largement offerte dans le cadre des 35 heures mises en place par la ministre du Travail socialiste Martine Aubry.

Il est également question de développer des contrats de travail plus souples, un des voeux les plus chers du Medef, en créant des «contrats de mission» ou «de projet», qui visent à la disparition du contrat à durée indéterminée. Gilles Carrez, qui a déjà maintes fois plaidé pour une diminution des impôts des riches, propose la création d'une commission pour conduire un «grand débat» sur une réforme globale des prélèvements obligatoires «pénalisant le travail et l'initiative». Il envisage donc de poursuivre la baisse de l'impôt sur le revenu et de développer les avantages fiscaux, pourtant déjà très nombreux, dont bénéficient les patrons.

Il n'y a pas besoin de gratter beaucoup pour voir apparaître la couleur patronale de ce rapport sur la «revalorisation du travail». Il respire l'arrogance des riches qui réclament toujours plus de privilèges et méprisent la classe ouvrière, une arrogance et un mépris qui se transforment en peur lorsque celle-ci montre sa force.

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