Alternance au collège : Un recul de plus pour les jeunes03/12/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/12/une1844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Alternance au collège : Un recul de plus pour les jeunes

Des formations en alternance, c'est-à-dire des formations qui se font pour une partie dans l'établissement scolaire, et pour l'autre dans une entreprise, se mettent en place petit à petit dans les collèges, dès la 4e, donc dès l'âge de 14 ans parfois. Ce dispositif d'alternance au collège est présenté comme une chance pour les élèves en difficulté, mais la réalité est tout autre.

Le ministère de l'Éducation nationale prétend se fixer comme objectif de «redonner le goût des études et de la réussite à des collégiens qui sont en logique d'échec permanent et qui ont une image d'eux-mêmes très négative. Ils refusent d'adhérer aux méthodes pédagogiques traditionnelles mises en oeuvre au collège. Ces collégiens ont souvent des retards scolaires et sont menacés par la déscolarisation».

Ces objectifs affichés par le ministère semblent tout à fait louables. Mais, en fait, ces jeunes, dès l'âge de 14 ans -puisqu'un décret vient de modifier la législation du travail pour permettre l'accueil d'élèves dans les entreprises dès cet âge- risquent surtout de fournir une main-d'oeuvre gratuite à des patrons. De plus, la formation qui est dispensée dans ces entreprises qui emploient des stagiaires laisse parfois à désirer. Les jeunes se retrouvent surtout à balayer, à classer des dossiers, ou à faire le café. Une formation pratique pourrait être bénéfique si les jeunes n'étaient pas livrés à des patrons.

Les partisans de l'alternance ou de l'apprentissage avancent le fait que des jeunes eux-mêmes souhaitent une formation pratique et se sentent plus à l'aise dans ce cadre, ce qui est vrai. Mais cette formation se fera au détriment de l'enseignement général, français, histoire-géographie, langues ou mathématiques, et les jeunes risquent de se trouver ainsi pénalisés dans le futur. La possibilité de déroger aux programmes officiels est en effet instaurée dans le dispositif gouvernemental. «Les élèves ne bénéficieront pas de tous les enseignements obligatoires», dit le Bulletin officiel sur ce point. Quant à la possibilité de retrouver le parcours commun «normal», elle n'est pratiquement pas prévue. Dès l'âge de 14 ans, le sort de ces jeunes sera donc décidé.

En fait, ces mesures évacuent les problèmes que constituent les élèves en grande difficulté, au lieu de trouver des solutions réelles. Elles tentent de réintroduire par la petite porte un collège à deux vitesses: d'un côté, les élèves en difficulté, sortis du collège et orientés dès la 4e, et de l'autre ceux qui parviennent à suivre, et ont accès à une formation générale.

Il faudrait surtout qu'il n'y ait plus d'élèves en grande difficulté, et pour atteindre ce but, il faudrait avoir les moyens nécessaires afin de permettre à tous de savoir lire correctement, d'acquérir une culture générale de base, les moyens, c'est-à-dire les enseignants en nombre suffisant pour ouvrir des classes avec de petits effectifs, au lieu des classes surchargées dans lesquelles les collégiens se retrouvent le plus souvent. Cela demanderait d'arrêter les économies faites sur le budget de l'Éducation nationale -celui qui vient d'être voté prévoit la suppression de 4000 postes dans le secondaire- et d'embaucher tout le personnel nécessaire.

Le choix du gouvernement qui n'est guidé que par la volonté de faire des économies ne résoudra pas les difficultés de ces jeunes, le plus souvent issus des classes populaires. Par contre, cela renforcera encore un peu plus les inégalités dans l'accès à l'éducation et à la culture.

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