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Leur société
Élections régionales : Les Verts, le PCF et le PS dans la lutte des places
Il a suffi que le PS propose aux Verts d'Ile-de-France 25% des sièges en position éligible, ce qui leur donnerait 30 sièges au lieu des 14 qu'ils occupent actuellement, en cas de victoire du PS, pour que le parti écologiste vire de bord et décide, contrairement à ce qu'il envisageait au départ, de faire liste commune avec le grand frère socialiste. Le bruit court que, dans d'autres régions, où les Verts avaient déjà voté pour la présentation d'une liste autonome, ils envisageraient de revoter, pour suivre l'exemple de leurs homologues franciliens. C'est ce qu'ils appellent «la nouvelle façon de faire la politique» qui ressemble furieusement à la vieille tambouille électoraliste. Il est vrai que depuis longtemps déjà les Verts nous ont habitué à ces volte-face politiciennes, où ce qui prime est l'appétit des fonctions, bien plus que les idées et le programme. On a pu amplement le vérifier durant toute la période de la participation des Verts à la coalition dite de gauche plurielle, à tous les niveaux, aussi bien au gouvernement que dans les instances régionales ou locales.
L'accord entre le PS et les Verts d'Ile-de-France n'est pas du goût du PCF, qui s'estime, non sans raison, le dindon de l'opération. Les dirigeants du PS n'acceptent, en effet, pour le moment, que de lui accorder le nombre de sièges qu'il détenait dans l'assemblée régionale sortante, c'est-à-dire 25, cinq de moins donc que les Verts. Il fait état du nombre de positions électives qu'il occupe dans la région: maires, conseillers généraux et municipaux qu'il détient. Et c'est vrai que, de ce point de vue, il n'y a pas photo entre le PCF et les Verts. Sans même parler de la présence militante, sur le terrain, dans les entreprises en particulier, où la disproportion est plus considérable encore.
Sauf que dans ces marchandages et ces chamailleries pour des sièges, la grande absente est la politique. Avoir des élus en plus, en s'unissant ou en s'affrontant au premier tour, pour se rallier au second, soit. Mais encore faudrait-il dire pour faire quoi? Cette question, qui est la clef de tout, reste sans réponse. Elle n'est même pas posée. Car les propos déclamatoires du genre «il faut bousculer la gauche, pour qu'elle redevienne elle-même», comme l'a dit Marie-George Buffet lors de son meeting du 2 décembre à la Mutualité, relève d'un rituel stérile, que l'on a entendu avant chaque élection, et qui ne dit rien sur le contenu .
Il aurait été plus direct, et bien plus convaincant d'interpeller cette prétendue «gauche» qui se dit à la recherche d'elle-même, en lui demandant si elle était prête, au cas où elle reviendrait aux affaires, à abroger immédiatement les lois scélérates de Fillon sur les retraites, les lois Sarkozy, les mesures concernant l'ASS, et quelques autres encore. Ou même, sans attendre un improbable et de toute façon lointain retour, à militer en faveur d'une telle abrogation?
Cette question n'est pas posée, ni par les représentants du PCF ni par ceux des Verts et pour cause. De toute façon on connaît la réponse du PS. Il l'a déjà donnée, en se refusant, quand il était au gouvernement, avec des ministres communistes et Verts, de revenir sur les lois Balladur instaurant 40 ans de cotisation pour les salariés du secteur privé. Il l'a confirmé encore, en se tenant à l'écart du mouvement contre les projets Fillon, Raffarin contre les retraites.
Marchander pour savoir qui mériterait la deuxième place derrière le PS dans une nouvelle mouture de la gauche plurielle qui ne dit pas son nom relève d'un enjeu dérisoire, au regard de la défense des intérêts réels, concrets, des salariés et des classes populaires.