Volkswagen : le diesel était presque trop propre23/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2460.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Volkswagen : le diesel était presque trop propre

Le géant de l’automobile Volkswagen est accusé d’avoir délibérément contourné les tests de pollution pratiqués aux États-Unis pour que les moteurs diesel de ses véhicules soient homologués non polluants. Ainsi, ils ne dépassaient pas, pendant les tests tout du moins, les seuils de pollution autorisés.

La fraude, qui dure depuis 2009, consistait à équiper les voitures d’un petit logiciel programmé pour déclencher un mécanisme interne de limitation des gaz polluants quand la voiture était soumise à un test, puis désactiver ce mécanisme antipollution dès le test terminé. Ce système aurait permis que les voitures en question émettent jusqu’à 40 fois plus de gaz toxiques que le seuil autorisé, tout en passant avec succès les tests.

La direction de Volks­wagen, qui quelque temps auparavant vantait les mérites de son « Clean Diesel » (« diesel propre ») dans des publicités, n’a pu faire autrement que d’exprimer ses « profonds regrets ». Elle a dû arrêter les ventes de véhicules diesel aux États-Unis, va devoir rapatrier près de 500 000 véhicules et peut-être payer une forte amende pour cette fraude manifeste.

Volkswagen s’est fait prendre la main dans le sac aux États-Unis et avoue maintenant que le système équipe 11 millions de véhicules dans le monde, mais les connaisseurs du secteur automobile s’accordent à penser que la fraude ne se limite probablement pas au seul groupe Volkswagen, car il est très facile à mettre en place. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un groupe de l’automobile est ainsi mis en cause. Dans les années 1990 déjà, sept constructeurs de moteurs diesel avaient dû verser un milliard de dollars d’amende à l’État américain pour avoir utilisé des outils trompant les contrôles antipollution. En novembre 2014, les constructeurs sud-coréens Hyundai et Kia ont été condamnés pour avoir sous-estimé les consommations de carburant de leurs véhicules. Il y a quelques jours, General Motors était accusé d’avoir tenté de dissimuler sur ses véhicules un défaut mécanique pouvant avoir des conséquences mortelles.

Même quand ils restent dans la légalité, les constructeurs automobiles usent de divers stratagèmes pour que les tests réalisés en laboratoire avant la commercialisation donnent des résultats conformes aux normes mais bien inférieurs, en matière de consommation de carburant ou de pollution, à ceux d’un véhicule en cours d’utilisation normale. Plusieurs études indépendantes ont montré ce décalage concernant les émissions de gaz polluants, qui peuvent être cinq fois, et même jusqu’à 22 fois plus élevées en conduite réelle qu’en laboratoire.

Dans l’automobile comme dans tout autre secteur industriel, la préoccupation n’est ni la santé des utilisateurs ni la préservation de l’atmosphère, mais le profit. Les constructeurs automobiles accumulent ainsi des milliards, non seulement en exploitant les ouvriers, mais aussi en dupant les consommateurs, avec la complaisance des gouvernements.

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