Sommet européen : l’égoïsme des grandes puissances23/09/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/09/dessin008.jpg.420x236_q85_box-0%2C375%2C3045%2C2087_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet européen : l’égoïsme des grandes puissances

Ce que les gouvernants appellent « la crise des migrants » a fait l’objet d’un sommet européen extraordinaire les 22 et 23 septembre. Mais, après avoir accepté sans broncher durant des mois que des milliers de migrants périssent en mer et, pour les plus chanceux, viennent en masse échouer sur les rives de Lampedusa ou des îles grecques, les dirigeants de l’Union européenne n’ont commencé à parler de « faire quelque chose » que lorsque les rescapés ont commencé à affluer aux portes des pays les plus riches du continent, Allemagne en tête.

Illustration - l’égoïsme  des grandes puissances

Leur réaction a été d’abord d’imposer leur « solution », celle qui convenait aux pays dominant le continent, aux États ayant le moins de moyens au sein de l’Union européenne : en l’occurrence, des quotas répartissant par pays une partie des migrants (120 000, a décidé le sommet, alors qu’il pourrait y en avoir huit fois plus cette année).

En ce domaine, le trio anglo-franco-allemand agit comme à son habitude : au mépris des peuples, qu’ils soient européens ou qu’il s’agisse de migrants, et au profit de ses seuls intérêts, bien souvent contradictoires.

On en a un exemple avec la situation à Calais, où gouvernements français et britannique s’accusent mutuellement d’avoir laissé s’installer un abcès de fixation pour des milliers de migrants cherchant à passer en Angleterre. Et cela, sans qu’aucun des deux gouvernements ne se préoccupe d’autre chose que de verrouiller les accès au tunnel sous la Manche.

Autre exemple de cet égoïsme : les grandes puissances ont laissé l’Italie se débrouiller seule pendant des mois avec les centaines de milliers de réfugiés accostant chez elle. Et les mêmes ont eu le culot de reprocher aux autorités de la Grèce, pays que les banques françaises et allemandes étranglent financièrement, de ne pas faire ce qu’il faut pour empêcher l’arrivée des bateaux de réfugiés à Lesbos ou Chios, des îles où ils s’entassent sans rien, à raison d’un migrant pour trois ou quatre habitants.

Et cela n’empêche pas Hollande de prétendre ne pas pouvoir accepter plus de 24 000 migrants en deux ans, soit 0,03 % de la population française, cela dans un des pays les plus riches de la planète !

Évidemment, le patronat français, et le chef du Medef l’a dit, ne verrait pas d’un mauvais œil arriver de nombreux migrants que les entreprises pourraient employer à bas prix. C’est parce que l’Allemagne aurait besoin de main-d’œuvre qu’Angela Merkel a, il y a quelques semaines, déclaré que son pays pouvait accueillir des centaines de milliers de migrants chaque année. Depuis, elle a certes changé son fusil d’épaule et parle de rétablir les contrôles aux frontières. De toute façon, le patronat allemand n’y perdra rien, mais Merkel voudrait aussi flatter la fraction la plus réactionnaire de l’opinion, comme quand le gouvernement britannique a dit refuser l’idée de quotas, ou quand Valls prend la droite de court en paraphrasant Sarkozy sur le rétablissement des contrôles frontaliers.

Avant ce sommet sur l’émigration, le gouvernement français s’était déclaré prêt à subventionner l’installation de « hotspots », des centres d’accueil de migrants dans les pays les premiers touchés par leur afflux : l’Italie, la Grèce, la Serbie, la Hongrie. Bref, ailleurs qu’ici.

Comme ses homologues impérialistes qui sèment la guerre, l’exploitation, la misère et les dictatures en Afrique, au Proche-Orient, l’État français se moque des conséquences que cela a pour les peuples. Et quand cela se traduit, comme actuellement, par des déplacements de populations massifs, les gouvernants français ne cherchent qu’à s’en décharger sur d’autres.

Partager