Grèce : Tsipras promu nouvel agent de l’austérité23/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2460.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Tsipras promu nouvel agent de l’austérité

Syriza, le parti du Premier ministre sortant Alexis Tsipras, est arrivé en tête des élections législatives grecques du 20 septembre avec 35,46 % des voix, et 145 sièges au lieu de 149 aux législatives de janvier.

Le parti de droite Nouvelle démocratie, avec 28,1 % et 75 sièges, au lieu de 76, se retrouve à la deuxième place. Aube dorée, le parti d’extrême droite néonazi, garde la troisième place avec 6,99 % au lieu de 6,28 et gagne un siège avec 18 élus. Le vieux parti socialiste Pasok a 17 députés au lieu de 13 mais cette fois-ci en s’alliant avec un autre parti, la Gauche démocratique. Les Grecs indépendants, ANEL, dont le dirigeant, Kammenos, était ministre de la Défense dans le gouvernement précédent, a obtenu 10 sièges, au lieu de 13, qui suffiront cependant à reconduire la majorité pour un nouveau gouvernement de coalition Syriza-ANEL.

Quant à l’Unité populaire, parti des dissidents de gauche de Syriza récemment créé par l’ancien ministre Lafazanis, avec 2,86 % des voix, il manque de peu le seuil des 3 % nécessaires pour entrer au Parlement et n’aura donc aucun député. Son dirigeant le présentait comme « un front de forces de gauche progressistes qui veulent débarrasser le pays de l’asservissement aux mémorandums (…) et promouvoir son indépendance et sa souveraineté ». Cette tentative de rééditer le Syriza première manière n’a pas convaincu les électeurs.

Le fait le plus significatif dans ce scrutin est l’abstention, qui atteint plus de 43 % des inscrits au lieu de 36 % en janvier, révélant qu’une grande partie des électeurs n’attend pas grand-chose d’un gouvernement qui, quel qu’il soit, aura pour tâche de mettre en œuvre le troisième mémorandum, ce programme d’austérité déjà entériné par le précédent gouvernement Tsipras.

Tsipras qui se présentait comme l’opposant inflexible aux créanciers internationaux est devenu en quelques mois l’exécuteur de leurs volontés contre la population et les travailleurs qui avaient vu en lui leur porte-parole. Ex-responsable des jeunesses du KKE, le Parti communiste grec resté très stalinien, Tsipras l’a quitté quand les « rénovateurs » eurocommunistes ont fait scission pour former un mouvement à l’origine de Syriza. Responsable des jeunesses, il a été leader de mouvements étudiants très radicaux, avant de devenir le dirigeant d’un parti prétendant, et surtout faisant croire à ceux qui l’avaient élu, que le bulletin de vote pouvait faire reculer l’avidité des capitalistes.

Cela vaut aux travailleurs grecs un plan d’austérité qui ajoute ses mesures catastrophiques à celles des plans mis en œuvre par les précédents gouvernements de droite et de gauche.

Cela vaut à Tsipras les félicitations de ceux qui l’ont fait plier et rentrer dans le rang, en particulier des responsables de gauche. Martin Schulz, président social-démocrate du Parlement européen, lui souhaite la bienvenue dans « la famille sociale-démocrate, à laquelle idéologiquement il appartient ». Valls apprécie avec « plaisir » cette réélection, la « victoire de ceux qui assument leurs responsabilités ». Hollande y voit aussi le triomphe du réalisme et se dit impatient de se rendre à Athènes.

Tsipras se retrouve donc en compagnie de tous les serviteurs de la bourgeoisie européenne et des intérêts des marchés financiers. Il n’est même pas sûr que cela lui permette d’obtenir, en reconnaissance, la restructuration ou l’effacement de la dette grecque, qu’il présente comme son objectif et comme justification à ses futures négociations.

De radical, Syriza est en passe de remplacer le Pasok, parti « socialiste » discrédité pour avoir servi pendant des décennies les intérêts des bourgeois nationaux et internationaux. Il mettra sans doute bien moins de temps à se discréditer à son tour.

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