Dotation aux collectivités : la protestation justifiée des maires23/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2460.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dotation aux collectivités : la protestation justifiée des maires

Samedi 19 septembre, plusieurs centaines de maires de petites et grandes communes de toutes tendances politiques ont manifesté à l’appel de l’Association des maires de France (AMF) contre la baisse des dotations de l’État de 3,67 milliards par an jusqu’en 2017.

En moyenne, ces dotations constituent environ un cinquième des recettes des communes, mais cette part est souvent d’autant plus importante que la ville est petite. Le gouvernement justifie cette politique par la nécessité de faire des économies pour réduire le déficit de l’État. En 2014, il avait déjà diminué l’enveloppe destinée aux collectivités de 1,5 milliard d’euros. Dans le même temps, toujours dans le but de faire des économies, l’État s’est désengagé toujours plus de nombreux domaines, laissant les responsabilités et en grande partie la facture à la charge des collectivités locales. C’est par exemple le cas dans le domaine de l’éducation avec la réforme des rythmes scolaires.

Confrontés à la baisse de leurs ressources, les maires ont deux alternatives : réduire les dépenses de la ville en diminuant les services rendus à la population ou augmenter les impôts locaux et les tarifs des services. Ainsi, de nombreuses villes ont augmenté les tarifs des cantines des écoles, réduit le nombre de leurs employés en ne remplaçant pas ceux qui partent à la retraite, renoncé à la construction de centres culturels ou sportifs, multiplié les économies de chauffage, d’éclairage urbain ou repoussé à plus tard la réfection d’une route…

Certains élus qui se sont mobilisés ont cautionné, voire ont participé à la mise en place de la politique qu’ils prétendent dénoncer aujourd’hui. Ainsi, Baroin, maire de Troyes et président de l’AMF, a été le ministre du Budget de Sarkozy qui avait décidé en 2010 le gel des dotations de l’État jusqu’en 2013, ce qui revenait à les baisser. Et que dire du numéro d’équilibriste auquel se prêtent des dirigeants nationaux du PS, comme Aubry ou Colomb, qui, respectivement maires de Lille et de Lyon, dénoncent des mesures prises par leur propre parti au pouvoir ?

La protestation des maires n’en reste pas moins compréhensible et légitime car en leur imposant une nouvelle baisse drastique de leurs moyens, le gouvernement les met dans une situation intenable. Et au bout du compte, ce sont les conditions de vie de la population, et de sa fraction la plus pauvre, qui se dégraderont encore un peu plus.

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