L’espace Schengen : toujours l’Europe des frontières23/09/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/09/2460.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L’espace Schengen : toujours l’Europe des frontières

Devant l’arrivée plus massive de migrants venant du Moyen-Orient ou d’Afrique en Europe, de plus en plus de voix parmi les hommes politiques dénoncent l’espace Schengen.

Rien de surprenant de la part d’une Le Pen ou d’un Sarkozy qui font du nationalisme étroit un de leurs fonds de commerce favoris, mais Ségolène Royal aussi a pris ses distances vis-à-vis de l’accord de Schengen, disant qu’il n’était pas tabou. À les entendre, la suppression des frontières encouragerait l’immigration clandestine et serait responsable de la situation actuelle.

Datant de 1985, la convention de Schengen ne fut appliquée qu’à partir de 1995. Elle promulgue l’ouverture des frontières entre les pays européens signataires, pour les habitants comme pour les marchandises. En contrepartie de la liberté de circulation dans la zone ainsi créée, appelée espace Schengen, ces pays, au nombre de 26, s’engagent à renforcer les contrôles à leurs frontières extérieures. La plupart des États de l’Union européenne appartiennent à l’espace Schengen, qui a été élargi à d’autres pays, tels la Suisse ou l’Islande, mais pas la Grande-Bretagne et l’Irlande qui n’ont pas signé la convention, ou la Serbie et la Bulgarie, considérées comme trop « laxistes » vis-à-vis de l’immigration.

Une fois que les immigrés extra-européens ont posé un pied dans l’espace Schengen, ils peuvent en principe se déplacer d’un pays à un autre, mais c’est loin de la réalité. Déjà, ils ne peuvent circuler librement qu’à condition d’avoir un visa Schengen, valable trois mois. De plus, si les contrôles ont été supprimés aux frontières, ils peuvent cependant avoir lieu n’importe où dans le pays, et bien des sans-papiers sont expulsés après avoir été contrôlés à des centaines de kilomètres des frontières. Rien n’empêche non plus les États signataires de fermer leurs frontières s’ils estiment que « l’ordre public ou la sécurité sont menacés », pour une durée de six mois, renouvelable d’autant. C’est ce que la France a fait en avril 2011 pour refouler les réfugiés tunisiens en provenance d’Italie où, l’été dernier, la police a bloqué à Vintimille les nombreux migrants qui cherchaient à traverser la France pour gagner l’Europe du nord.

Chaque jour qui passe où les migrants sont refoulés d’un pays à un autre montre que la libre circulation des personnes en Europe est une phrase creuse.

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