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Un livre sur la catastrophe d’AZF : Total coupable !
À Toulouse, il y a quatorze ans, le 21 septembre 2001, l’usine AZF explosait, causant 31 morts, 20 000 blessés, d’innombrables sinistrés. L’usine chimique elle-même et les quartiers alentour étaient dévastés. Sur cette catastrophe et ses conséquences, un livre vient de paraître, écrit par notre camarade Jean-François Grelier.
Ce livre est d’abord un témoignage mais aussi, et essentiellement, un récit militant, relatant l’action collective de ceux qui n’acceptaient pas les mensonges de Total, propriétaire de l’usine AZF, et l’inaction – si ce n’est la complicité – des pouvoirs publics. Jean-François a milité pour que les habitants de sa cité se regroupent, formant l’association des « sans-fenêtres ». Il fallait retrouver un cadre de vie acceptable. Tout était dévasté. Rapidement, l’idée d’un plan à faire voter en urgence par le gouvernement s’est imposée, afin que l’État prenne en charge les réparations et envoie la note à Total.
Il fallait aussi se battre pour trouver un lieu de réunion, pour distribuer un tract, pour intervenir pendant le conseil municipal ou à la télévision. Il fallait convaincre que les fausses pistes visant à dédouaner Total n’étaient que des mensonges. Il fallait non seulement interpeller les politiques sur la situation dramatique des sinistrés, mais également apprendre à se méfier de ceux qui proclamaient sans cesse : « On s’occupe de tout .»
Et puis, il y a les enquêtes policières et scientifiques, ainsi que les longs épisodes judiciaires. Total, avec sa puissance financière, ses nuées d’avocats et d’experts, ses réseaux dans les milieux du pouvoir et dans les médias, a pu jouer la montre, monter de toutes pièces de prétendues pistes alternatives qui le dédouanaient, essayant de faire croire qu’il n’était pas responsable de l’explosion.
Le jugement de la cour d’appel de Toulouse de 2012 avait certes condamné les dirigeants d’AZF pour homicides involontaires, écartant totalement les pistes infondées, notamment l’hypothèse d’un attentat. Mais Total n’a pas accepté ce jugement. Jouant sur sa puissance, il a réussi à le faire casser en 2014, pour des questions de forme. Mieux même : grâce à un décret publié opportunément en décembre dernier, le nouveau procès, qui devra avoir lieu on ne sait quand, sera délocalisé à Paris, loin de Toulouse et des milliers de victimes qui sont parties civiles.
La catastrophe d’AZF : Total coupable
un sinistré sans-fenêtre raconte
par Jean-François Grelier
256 pages – 15 euros
Éditions Les Bons Caractères