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Dans les entreprises
Renault Flins : La précarité gagne du terrain
Actuellement, en effet, 935 intérimaires travaillent à l'usine, pour la plupart en production, dans les secteurs où le travail est le moins qualifié, le plus dur physiquement. Dans les ateliers du Montage ou de la Peinture, les intérimaires et les travailleurs en contrat d'insertion ou en contrat dit de « retour à l'emploi » représentent les trois quarts des effectifs. Dans le secteur des Portes, au Montage, sur 23 travailleurs qui figurent à l'effectif pour tenir les 19 postes – ce qui est bien insuffisant compte tenu des malades, de ceux en congé, en formation ou en déplacement – 18 ont un emploi précaire et cinq seulement sont en CDI. Les salariés précaires tiennent les postes en chaîne, les embauchés s'occupant des préparations, du contrôle qualité et des remplacements, puisqu'ils connaissent tous les postes. Dans d'autres ateliers comme la Tôlerie ou les Presses, où la formation est nécessairement plus longue, la précarité progresse également, mais dans une moindre mesure. Elle atteint environ la moitié de l'effectif en Tôlerie et 30 % aux Presses.
La direction en profite bien sûr pour surexploiter tout le monde et les conditions de travail s'alourdissent : des postes dits « rouges », surchargés, sont validés par des responsables qui les confient à des salariés précaires. Quand ils deviennent trop impossibles à tenir, il leur est adjoint un « surcoût », expression ô combien parlante qui désigne un travailleur envoyé là pour un simple coup de main, en dépassant quelque peu la dépense prévue.
Aux intérimaires et aux salariés en contrat s'ajoutent deux cents travailleurs de Renault « prêtés » par une autre usine, comme Douai ou Sandouville, et quelques centaines de salariés de sous-traitants sur site. En fait, l'ensemble de ceux qui fabriquent des voitures à Flins dépasse les 4 000 personnes. Mais, malgré cela, les effectifs sont dramatiquement insuffisants. Chaque jour, dans les ateliers, il manque du personnel et dans les unités de travail (les UET), quand l'effectif est à moins un, moins deux voire moins trois, les chefs sont souvent, à leur grand dam, obligés de tenir des postes.
Il devient impossible de prendre les jours de congé auxquels les travailleurs ont droit – « Je n'ai personne à mettre à ta place », objectent les chefs aux demandes de congé. Rien d'étonnant que, au Montage par exemple, la tension, parfois l'agressivité montent, le manque de personnel jouant sur le moral. En Tôlerie, alors que 85 postes de travail sont répertoriés, il n'est pas rare qu'à la prise de poste seuls 80 ou 75 d'entre eux soient pourvus, et ce sont donc les chefs qui complètent.
La politique de zéro embauche décidée par le PDG, Carlos Ghosn, continue à vider l'usine des travailleurs en fixe, en particulier par le biais du plan de départs volontaires... vivement suggérés par la direction à toute occasion. Ce qui n'est sans doute pas évalué, c'est la montée du mécontentement, qui gagne un peu partout, quel que soit le statut.