Alcatel-Lucent : Assez des plans de licenciements !10/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2358.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alcatel-Lucent : Assez des plans de licenciements !

Le précédent plan de licenciements chez Alcatel-Lucent France n'est pas encore terminé que la direction vient d'annoncer le plan suivant. Le plan « Shift », que l'on pourrait traduire par « un cran au-dessus », et qui mérite donc bien son nom, prévoit de supprimer 15 000 emplois au niveau mondial, avec une éventuelle embauche de 5 000 personnes.

Chez Alcatel-Lucent France le plan aboutira à 900 suppressions de postes dans les fonctions « support » : administratives, commerciales... À cela se rajoutent 900 postes concernés par des mobilités internes ou externes, via des externalisations d'activités, des cessions ou des fermetures de sites.

Il s'agit là du sixième plan de suppressions de postes depuis 2006. À terme la direction ne veut garder que deux sites Alcatel-Lucent France : Villarceaux, dans l'Essonne, et Lannion dans les Côtes-d'Armor. Deux autres sites devraient fermer en 2014, Toulouse et Rennes, dont les salariés auront le choix entre rejoindre respectivement les sites de Villarceaux et Lannion ou... la porte. Pour les sites d'Ormes (Loiret), Orvault (Loire-Atlantique), et Eu (Seine-Maritime), la direction considère qu'ils n'ont plus la taille critique. Rien d'étonnant, puisque cela fait des années qu'elle y supprime des postes. Elle rechercherait donc d'autres partenaires prétendument pour pérenniser l'emploi, ce qui est loin d'être acquis. Tout ce baratin a été inauguré il y dix ans par l'ancien PDG Serge Tchuruk, qui avait externalisé les licenciements en vendant les usines. Il disait alors vouloir transformer Alcatel en « entreprise sans usine », ce qui a abouti à des usines sans travailleurs et à des travailleurs sans travail.

Et tout cela pour quoi ? Il s'agirait de réduire les « coûts fixes » parce que le groupe consommerait trop de « cash ». Encore faudrait-il qu'on puisse contrôler où passe le « cash », car la direction d'Alcatel a toujours été parmi les championnes du cache-« cash », via ses filiales néerlandaise à une époque, irlandaise plus récemment. De la même façon, la direction empoche chaque année, d'après la CGT, 100 millions d'euros de crédit impôt recherche payé par l'État français, mais refuse de le prendre en compte au niveau d'Alcatel-Lucent France, ce qui lui permet d'affirmer que les salariés de France sont trop chers.

À Alcatel puis Alcatel-Lucent les plans de suppressions d'emplois se sont enchaînés sans discontinuer, accompagnés régulièrement de cessions d'activités et de fermetures de sites. Cela s'est parfois fait avec la complicité de certaines organisations syndicales, promptes à gémir sur les prétendues difficultés du groupe, dont ne sont aucunement responsables les salariés. C'est dire que depuis des années les travailleurs vivent sous une épée de Damoclès, qui régulièrement s'abat sur les effectifs.

Jusqu'à présent il n'y a pas eu de réactions qui contraignent la direction à reculer. Pourtant elle sait qu'une réaction des salariés est possible, et dans sa communication elle appelle à « garder la tête froide » et à continuer de « faire fonctionner la Maison Alcatel ». La direction sait que la seule chose qu'elle a à redouter – bien plus que les rodomontades d'un Montebourg ou d'un Ayrault, qui ont montré leur complicité et toute l'étendue de leur impuissance lors des plans de licenciement chez PSA ou Mittal – c'est que les salariés refusent de continuer à travailler sous la menace permanente des licenciements.

Une manifestation de tous les établissements est prévue mardi 15 octobre à Paris. Elle ira de Matignon au siège social d'Alcatel.

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