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- Lutte ouvrière n°2358
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Arles, jugements sur l'amiante : Les travailleurs priés de revenir en 2014
Si pour les travailleurs du pays d'Arles victimes de l'amiante le temps presse, il n'en est pas de même pour les patrons auxquels ils demandent réparation et qui jouent la montre. En effet, ils ne cessent d'aller de report en report lorsqu'ils portent l'affaire aux Prud'hommes.
Lundi 7 octobre aux Prud'hommes, les demandes de 95 salariés des CMP (Constructions métalliques de Provence) étaient ainsi reportées au 17 mars 2014. Pourquoi ? Dans ce cas, aux dires des patrons, les échanges de pièces entre les avocats auraient été mal faits !
L'entreprise CMP d'Arles construisait d'imposantes pièces pour l'industrie pétrolière notamment. Ses salariés y ont côtoyé l'amiante journellement. Chaque soudeur avait un petit oreiller rempli d'amiante qui lui permettait de s'appuyer sur une pièce métallique, qu'il devait souder pour se protéger de la chaleur. Dès que ce coussin commençait à s'effilocher, il allait le changer au magasin qui en détenait des stocks. Pour souder des pièces épaisses souvent de 10 cm chauffées à 200°, les travailleurs s'installaient sur un matelas d'amiante.
Tous les appareils étaient calorifugés à l'amiante, les fours de recuit étaient aussi bourrés d'amiante. C'était par tonnes que l'entreprise commandait l'amiante chaque année.
Intoxiqués par l'amiante, tous les travailleurs l'étaient donc, aussi bien ceux qui étaient directement en contact que ceux qui travaillaient à côté ; de la secrétaire au soudeur, de l'O.S. à l'ingénieur.
Pourtant il y a eu appel contre un jugement de 2012 qui donnait satisfaction à treize d'entre eux. Ainsi après au total huit reports et trois ans de procédure, ils attendent encore que la cour d'appel d'Aix-en-Provence traite l'appel sur leur jugement.
Ces travailleurs ne sont pas les seuls dans l'attente : l'Avapa (Association des victimes de l'amiante du pays d'Arles) s'occupe actuellement de 225 plaignants. À Aix-en-Provence, 3 000 dossiers concernant l'amiante seraient en instance.
Les patrons usent des armes qu'ils possèdent en jouant sur les finasseries juridiques, de façon d'autant plus inadmissible que ceux qu'ils ont intoxiqués ne peuvent pas attendre indéfiniment.