Urgences des hôpitaux : Gérer la pénurie ne suffira pas10/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2358.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Urgences des hôpitaux : Gérer la pénurie ne suffira pas

L'hiver dernier, les services d'urgences des hôpitaux ont été une fois de plus surchargés. Non seulement l'activité ne cesse d'augmenter année après année mais il est de plus en plus difficile d'hospitaliser les patients car le nombre de lits dans les hôpitaux ne cesse de diminuer.

Les patients âgés, aux multiples maladies, passent parfois plusieurs jours sur des brancards dans les services d'urgences. Ceux-ci accueillent aussi des malades en fin de vie quand leur maintien à domicile ou dans leur maison de retraite devient impossible. La difficulté de trouver des lits d'hospitalisation devient insupportable, et depuis mars dernier plusieurs organisations de médecins urgentistes menacent de ne plus faire cette recherche de places à partir du 15 octobre.

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, propose la création de postes de « gestionnaires de lits » qui se chargeraient de cette recherche de places libres dans les hôpitaux. Mais elle évite soigneusement de s'engager à utiliser des moyens humains ou financiers supplémentaires. Son modèle est l'hôpital Saint- Joseph à Paris : l'ensemble du personnel consacrait un temps équivalant à treize postes pour trouver des places pour les patients, et quatre gestionnaires de lits feraient le travail plus efficacement. Ainsi la ministre prétend avoir trouvé la solution miracle qui permettrait d'améliorer les choses sans dépenser un sou de plus...

La mise en place de ce dispositif est prévue dans un délai de 18 mois au plus, et dans 162 hôpitaux alors qu'il y a 300 services d'urgences en France. Un rapport demandé par la ministre vient d'être rendu public lundi 30 septembre. Il va, sans surprise, dans le sens de ce projet et préconise également quelques autres mesures d'organisation des hôpitaux présentées comme plus rationnelles, comme l'ouverture temporaire de lits polyvalents pour les périodes de haute activité aux urgences, mais toujours en suggérant de le faire à moyens constants.

Les médecins urgentistes ne sont pas opposés à cette idée de gestionnaires de lits qui devraient les décharger d'une partie de leur travail, mais ils n'acceptent pas de nouveaux délais. Ne voulant pas se retrouver sans la même situation que l'hiver dernier, ils maintiennent donc leur mouvement pour le 15 octobre.

Pour Marisol Touraine, les problèmes actuels ne seraient qu'une question de mauvaise gestion. C'est faux, la fermeture de lits, de services d'urgences et mêmes d'hôpitaux entiers est évidemment à l'origine de la difficulté à trouver une place pour les patients venus aux urgences. Le rôle des gestionnaires de lits serait de faire sortir des malades plus tôt, de décaler des hospitalisations au dernier moment quand il y a un afflux aux urgences, de placer les malades dans des services mal adaptés à leur pathologie. Ils géreraient la pénurie de lits peut-être mieux que les urgentistes mais ils n'auraient aucun moyen de supprimer cette pénurie. C'est elle qui est le véritable scandale auquel il faut mettre fin en ouvrant des lits d'hospitalisation et en embauchant du personnel dans les services d'urgences comme dans l'ensemble des hôpitaux.

Partager