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- Lutte ouvrière n°2321
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Dans le monde
L'intervention militaire au Mali : Hors d'Afrique l'impérialisme français !
Plus les opérations militaires progressent au Mali, plus Hollande fait résonner des accents guerriers dignes d'un George Bush. Après avoir d'abord déclaré que « la France n'a pas vocation à rester au Mali », il affirme maintenant en bombant le torse vouloir « détruire les terroristes » et que « la France restera au Mali le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu dans cette partie-là de l'Afrique ». Son ministre de la Défense, Le Drian, renchérit en déclarant que « l'on ne va pas laisser de poches de résistance » et que l'on va « éradiquer le terrorisme ».
Le sort de la population malienne, mis en avant pour justifier l'intervention, sert d'alibi. À l'issue de cette guerre que l'on nous promet déjà longue, rien n'assure qu'il sera réellement amélioré. Aujourd'hui, les groupes intégristes font régner une terreur moyenâgeuse dans les villes qu'ils occupent. À Tombouctou, à Gao, les couples non mariés sont lapidés, les voleurs amputés des mains, les fumeurs fouettés, les femmes non voilées battues et toute la population rackettée au nom de l'aumône islamique. On comprend que les habitants soient prêts à accueillir avec soulagement n'importe quelle armée susceptible de les en débarrasser.
Mais qu'en sera-t-il après des mois, voire des années de guerre ? Dès la reconquête des premières villes, on apprend que des représailles visent ceux dans la population qu'on accuse d'avoir soutenu les groupes intégristes. Lors de précédentes rébellions, dans les années 1990, les populations touaregs avaient déjà subi des exactions de la part de l'armée.
C'est sur ce genre de terreau que le terrorisme peut se développer encore plus à l'avenir.
Dans la longue histoire des interventions impérialistes, les armées des grandes puissances ont plus souvent laissé derrière elles un chaos sanglant qu'une situation apaisée. On le voit bien en Afghanistan et en Irak. Il pourrait en être de même au Mali, mais aussi dans toute la région. La prise d'otages à l'usine de gaz d'In Amenas en Algérie et le massacre qui s'en est suivi montrent comment les pays voisins peuvent être entraînés dans la même spirale violente.
La guerre décidée par Hollande ne vise pas à protéger le peuple malien. Il s'agit, comme toujours, de défendre les intérêts de l'impérialisme français dans ses anciennes colonies d'Afrique noire, ceux d'Areva par exemple, qui extrait au Niger voisin l'uranium indispensable aux centrales nucléaires et qu'il faut protéger du chaos qui menace de s'étendre. Les populations locales, elles, risquent de n'être délivrées des violences des milices intégristes que pour en subir d'autres, cette fois de la part d'éléments de l'armée malienne habitués à se payer sur l'habitant ou à se livrer à des représailles aveugles, ou même de la part de l'armée française elle-même.
L'impérialisme français a les défenseurs qu'il mérite, et l'ordre qu'il établit, ou rétablit, est à l'image du système d'exploitation qu'il maintient. Pour la population malienne, la seule véritable sécurité serait celle qu'elle assurerait elle-même en s'organisant et en s'armant contre les armées de toute provenance, qu'il s'agisse des milices d'al-Qaïda ou des armées impérialistes. C'est pourquoi les troupes françaises n'ont rien à faire en Afrique.